[Glané] Vos enfants vont-ils devenir des criminels ? - Pacific Standard

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Vous vous souvenez de Predpol, le logiciel de police prédictive… Et bien le service de protection de l’enfance du comté de Los Angeles semble avoir décidé d’aller un cran plus loin, rapporte le Pacific Standard, puisqu’ils viennent de mettre en place un outil d’analyse prédictif pour identifier les enfants qui risquent de se retrouver derrière les barreaux. En analysant des données sur les familles, sur la consommation de drogue, les arrestations, la réussite scolaire, l’enjeu était de détecter les enfants à risque. Si ce pilote a pris fin en 2014, un rapport (.pdf) du Conseil national sur le crime et la délinquance américain, qui s’est penché sur son fonctionnement, suggère que ce pilote était fonctionnel et que d’autres organismes gouvernementaux devraient s’y intéresser. 

L’analyse prédictive devient de plus en plus personnalisée, explique Matt Stroud dans son article, évoquant le système prédictif de la police de Chicago pour identifier les gens susceptibles d’être impliqués dans des fusillades ou des projets pénitentiaires visant à identifier les prisonniers susceptibles de récidive. Pour Andrew Ferguson, professeur de droit à Columbia, ces systèmes sont terriblement inquiétants. Ils ont souvent été initiés avec des bonnes intentions : comprendre les facteurs de risque pour mieux les prévenir et initier des politiques publiques pour les réduire. Le problème est qu’au final, ils ne servent pas vraiment à amener les travailleurs sociaux auprès de ceux qui sont calculés, mais plutôt la police. 

Même dans le comté de Los Angeles, le système à l’origine, a été pensé pour aider les travailleurs sociaux, débordés, à gérer les 21 000 enfants placés en famille d’accueil et améliorer les facteurs d’alertes. En signalant des cas problématiques pour que les travailleurs sociaux puissent mieux faire leur travail, ceux-ci étaient invité à intervenir pour améliorer la situation. Selon le rapport, l’intervention a permis effectivement de résoudre des problèmes et a amélioré les résultats pour les enfants qui ont été accompagnés. Tout l’enjeu est de savoir si ces résultats peuvent demeurer dans l’institution de protection de l’enfance pour améliorer son travail où savoir si elle peut être partager avec le système judiciaire ou policier, qui alors fait peser le pouvoir coercitif de l’Etat sur les individus. Pour Ferguson, cela nécessite que ces bases de données soient parfaitement protégées de tout croisement et de toutes utilisations autres que celles pour lesquelles elles sont conçues. Cela signifie aussi qu’elles doivent intègrer des mécanismes de contestation et de responsabilité afin de protéger de tout abus, de toute utilisation inadéquate. Pour Shay Bilchik, responsable du Centre pour la réforme de la justice juvénile de l’université de Georgetown, le risque est bien celui de l’étiquetage des dossiers, des profils et des enfants… 

Et pour s’en prémunir, la seule solution est d’inscrire dans la loi, mais peut-être aussi dans le code même qui structure ces bases, des mécanismes rendant des utilisations tiers ou des croisements impossibles.  

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