Halloween et les zombies aux temps d'Ebola

Une maman est préoccupée car sa fille de 4 ans se réveille toutes les nuits depuis qu'elle a vu l'affiche de Walibi pour Halloween " Vampires vs Zombies". En fait, ce n'est pas l'affiche elle-même qui est cause des cauchemars, elle n'en est que le support. L'enfant perçoit fort bien qu'il s'agit d'une fiction. Faire des cauchemars est une chose bien naturelle pour adultes et enfants et plus fréquent d'ailleurs au moment où ceux-ci doivent faire face à des difficultés intérieures, au fur et à mesure qu'ils découvrent le monde et s'interrogent sur leurs liens avec les autres: la séparation, la mort, les relations avec les autres membres de la famille...

Supporté par des images vues ou des histoires entendues (les livres d'enfants en regorgent), les cauchemars permettent d'élaborer les angoisses internes qui ne trouvent pas à s'exprimer autrement. Ainsi, sorcières et zombies permettent de s'interroger sur ce qu'est vieillir, parler de la maladie ou de la mort d'un proche et qu'y a-t-il au delà? Comment les adultes peuvent-ils vivre avec de tels mystères?

La visite des cimetière en famille bien utile aux vivants, permet de brasser ce qui circule entre les générations, les souvenirs remémorés, ce qui reste douloureux, ce qui s'est apaisé. Même si ce rituel se perd, les enfants captent très bien la manière dont nous évoquons les défunts dans la vie quotidienne, dans la parole, les photos, un objet, une expression...

 

Halloween était une fête païenne avant que l'Eglise n'introduise la Toussaint. Faut-il parler d'un nouveau paganisme, le consumérisme, qui répond à nos besoins de calmer nos angoisses grâce aux films d'horreur, aux parcs d'attractions et autres déguisements anti-Ebola qu'on peut acheter cette année aux Etats-Unis ?
Ce qui est dommage avec ces produits, c'est qu'ils n'offrent pas le temps de l'élaboration relationnelle qui nous permet de dire sans dire comment nous faisons avec nos angoisses. Tout autre est raconter une terrifiante histoire, creuser une citrouille ensemble, confectionner un déguisement, aller faire peur aux voisins...

Et, pour revenir aux rêves, il faut apprendre aux enfants qu'ils sont de précieuses petites fenêtres sur notre vie intérieure et que nous avons bien de la chance quand nous nous en souvenons, même s'ils font peur.

 

Concernant la détoxification des images, voir aussi Serge Tisseron "Le Jeu des Trois Figures en classes maternelles"  | Photo CC de Pedro Ferreira

Share

 Imprimer la page