Maltraitance sur mineur : un voisin mis en examen pour n'avoir rien dit

En France, un voisin témoin auditif de la maltraitance subie par un enfant, pourrait être condamné pour n'avoir pas dénoncé les parents. [Reportage à découvrir ici]
A la sentence "se taire c’est laisser faire", l’injonction sous-jacente est "Dénoncez !". En encourageant de cette manière la délation on place le citoyen dans une position où plutôt que de voir sa solidarité encouragée, il est aiguillé vers un recours aux autorités, qui, elles, sont à même d’agir. On peut s’interroger si ce type de message ne vient pas augmenter le sentiment d’insécurité et corroder le lien social. A l'inverse, faire circuler dans l'espace publique des messages comme "Trouver quelqu'un à qui parler" renvoie à un "Nous" collectif sur lequel chacun peut s'appuyer. Mais également un "Nous" dans lequel chacun est acteur, peut venir en aide à un proche, un voisin...

La solidarité comme préalable [Extrait du livre "Temps d'Arrêt" Prévenir la maltraitance]
Penser l’environnement amène à penser bien au-delà de la famille nucléaire et de ses éventuelles défaillances. Un parent défaillant, négligent voire maltraitant n’est pas nécessairement un «  mauvais  » parent, ni un pervers. Il peut se trouver en difficulté en raison de sa propre histoire ou d’événements relatifs à sa vie actuelle ; une perte d’emploi, par exemple.

De plus, rien n’est inéluctable, la croyance « enfant maltraité, parent maltraitant » est une ineptie. Il est extrêmement touchant de voir, en consultation, comment des parents se débattent pour sortir du cercle infernal de la répétition de génération en génération. De la même manière qu’un enfant se développe d’autant mieux qu’il ressentira un amour inconditionnel (y compris dans la sanction), l’adulte devient parent s’il peut expérimenter une solidarité de base, surtout quand il est mal assuré. D’où l’importance de considérer le parent « maltraitant » comme quelqu’un qui nous ressemble. Dans des situations similaires, nous aurions pu également être défaillants  ; il nécessite donc aide et solidarité avant répression (quelquefois nécessaire, ne nous voilons pas la face).
Mais l’intervenant se trouve parfois très démuni  : la temporalité du développement de l’enfant ne permet pas d’attendre la maturation parentale. Comment alors venir en aide à l’enfant ? Ici encore, le fait d’être dans un environnement solidaire, de pouvoir compter sur la famille élargie, une amie, un voisin… peut faire toute la différence. Il est des rencontres lumineuses qui changent la vie ; grâce à une famille d’accueil par exemple. On voit pourquoi il est essentiel que la prévention de la maltraitance soit fondée sur la solidarité et non le soupçon.

«Il faut tout un village pour élever un enfant»; les parents doivent pouvoir compter sur la solidarité de leur entourage et s’appuyer sur l’environnement social.  [Extrait de la Newlsletter Yapaka]

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