Parfois, je fais pas exprès, je comprends pas

Les enfants difficiles donnent parfois l'impression d'être dans la provocation permanente. Parfois oui, ils nous testent, cherchent nos limites, attirent l’attention d’une façon très bruyante sur des souffrances qu’ils vivent et qu'ils ne parviennent pas à dire. Parfois aussi, ils ne sont pas à même de répondre à nos attentes. Leur cerveau en construction n’étant pas encore arrivé à maturité, ils ne comprennent pas les consignes, ont du mal à rester en place, sont impulsifs.

Chaque enfant avance à son rythme et, tandis que certains sont plus lents pour parler, d’autres mettront plus de temps à contrôler leur impulsivité, leurs mouvements.

Pour les aider, on peut leur proposer des jeux, des livres, et peut-être être moins sévères envers leurs maladresses.

Le langage nous permet de comprendre les autres et de nous faire comprendre. Pouvoir parler nous donne la possibilité d’exprimer nos ressentis, nos émotions, de transmettre des messages et de pouvoir répondre aux demandes et attentes des autres.

Chez les enfants entre 2 et 7 ans, le langage se développe, il n’est pas encore complètement maîtrisé. De plus, les enfants n’avancent pas tous au même rythme. Pour certains cet apprentissage se révèle plus compliqué, plus lent. Or, quand on ne maîtrise pas le langage, difficile de comprendre ce qu’on nous dit, ou d’exprimer ce qu’on ressent. Confrontés à des demandes complexes, il est tout à fait possible que certains enfants ne soient pas en mesure d’y répondre, non pas parce qu’ils ne veulent pas mais simplement parce qu’ils ne comprennent pas.

De plus, le fait de ne pas comprendre ou de ne pas être compris est très frustrant pour chacun de nous. En tant qu’adulte et grâce à la maîtrise du langage, nous pouvons reformuler, réexpliquer pour nous faire comprendre. Pour les enfants qui n’ont pas cette possibilité, la frustration s’exprime parfois sous forme de crises de colère ou d’opposition assez violentes. Pour se mettre à leur place et comprendre leur frustration, il suffit d'imaginer ce qu'on ressent parfois quand on se trouve dans un pays dont on ne maîtrise pas la langue.

Soutenir l’acquisition du langage

L’acquisition du langage peut être soutenue par les adultes. Lire des histoires, parler, échanger, chanter, écouter de la musique, déjà avec les tout-petits, facilite l’apprentissage de la langue. A contrario, les écrans pour les enfants de moins de 3 ans sont un frein au développement de leur langage.

Si le cerveau se développe tout au long de notre vie, au gré de nos apprentissages, de nos expériences de vie, il va connaître, sur le plan anatomique, une croissance particulièrement importante durant les premières années de vie. Un enfant qui naît a encore tout à apprendre.

Entre 2 et 7 ans, la zone frontale du cerveau, qui gère la planification de nos actions, le maintien de notre attention et l’inhibition (contrôle de soi) se développe progressivement. Chez les enfants plus jeunes, on peut donc comprendre les gestes maladroits, le fait qu’ils ne réfléchissent pas avant de parler, les difficultés de concentration.

Chez certains, cette zone met plus de temps à se développer, cela complique leur adaptation et peut expliquer, en partie, les comportements difficiles. D’autres zones, comme celle de la motricité, sont également en pleine croissance. Et là aussi, tous les enfants ne sont pas égaux. Chez certains, c'est la zone frontale ou la zone du langage… qui va se développer rapidement, alors que les aires motrices vont mettre plus de temps à grandir. Conséquences : ils auront plus de mal à contrôler leurs mouvements, à maîtriser leur corps, à tenir en place.

Comment les aider ?

Les idées qui suivent, de plus en plus reconnues par les chercheurs en neurosciences, sont aussi et surtout de bonnes occasions pour passer de chouettes moments avec l’enfant. Pour soutenir le développement du tissu neurologique de la zone frontale, on peut proposer aux enfants toute une série de jeux. Par exemple, les jeux comme « jungle speed », « ni oui ni non », « un deux trois piano » entraînent l’inhibition (le contrôle de soi).

Pour aider l’enfant ayant des difficultés à maîtriser son corps, ses mouvements, les activités manuelles, les exercices d’équilibre, les jeux qui mettent son corps en mouvement, sont des sources d'aide inépuisables.

Dans certains cas, les troubles du comportement s’expliquent par une déficience intellectuelle. En effet, les chercheurs ont observé que, chez les enfants ayant un retard mental, les troubles du comportement sont assez fréquents. Selon eux, cela s’explique par le fait que ces enfants sont moins à même de comprendre les règles sociales, les limites et les attentes de leur environnement. Or, si on ne comprend pas les règles, si on ne parvient pas à les intégrer, difficile de les respecter. Dans ces situations, il est donc important que les adultes puissent s’adapter aux capacités de l’enfant.

La surdité (et les troubles auditifs), la grande prématurité et les troubles du sommeil sont également des facteurs de risque d’apparition et de maintien des comportements « difficiles ».

Les enfants qui entendent mal peuvent donner l’impression de ne pas être à l’écoute, de ne jamais répondre aux demandes et peuvent donc passer pour des enfants difficiles.

Les enfants prématurés, au-delà du risque qu’ils présentent des retards de développement du système nerveux (tant des zones cérébrales que des connexions entre cellules), sont un bon exemple de comment des troubles somatiques entrent en interaction avec l’environnement. En effet, être confronté à l’éventualité de la mort de son enfant influence la relation que nous aurons avec lui. Comment ne pas le surprotéger alors que cette angoisse nous a imprégnés et nous imprègne encore? Cela peut freiner l’autonomisation de l’enfant qui manifeste son besoin d’indépendance par différents types de comportements, y compris problématiques.

Quant au manque de sommeil, il peut être un facteur très important dans le maintien des troubles, un enfant qui dort peu ou mal aura plus de difficultés à se concentrer, sera plus irritable, impulsif, excité. Il faut compter qu'un enfant a en moyenne besoin de 10h de sommeil pour être en forme la journée.

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