La tv et l’ordi, je peux pas m’en passer

Quels liens entre les enfants difficiles et les écrans...?

Les effets des écrans sur les enfants, difficiles ou non, sont maintenant bien connus. Ils modifient leur état émotionnel, les accaparent tout entier, peuvent avoir des répercussions directes sur leur santé telles que l'obésité, un manque d'exercice physique..., risquent de les figer dans leurs identifications (personnage de bourreau, victime, témoins)

Les écrans ne rendent pas eux seuls un enfant difficile, mais ils peuvent exacerber certaines difficultés. Un enfant qui arrive à l’école après une heure devant la tv risque fort d'être plus agité en classe. Un autre qui utilise régulièrement ses poings pour exprimer ses difficultés et qui voit son héro préféré se battre sans cesse ne sera sans doute pas pacifié…

L'expérience des "10 jours sans écrans" menée dans certaines écoles a démontré une diminution des bagarres violentes dans les cours de récré, des enfants plus calmes en classe…

Quand on est face à un écran, et en particulier devant la télévision, c’est comme si on était mis sur ‘pause’. Un enfant qui rentre de l’école a vécu une tonne d’aventures, a été traversé par plein d’émotions pendant sa journée. Et lorsqu'il regarde la tv ou qu’il joue sur un écran, il n’est ni en train de se défouler, ni de rejouer tout le vécu de sa journée et d’extérioriser ses ressentis...Il est tout entier absorbé, capté par un monde sur lequel il n’a pas de prise. Lorsqu’il en sort, toutes ses émotions contenues, auxquelles s’ajoutent les ressentis suscités par les images qu'il vient de voir, toute son énergie doit s’évacuer et s’exprimer de plus belle. Conséquence : il est bien plus excité qu’avant de commencer.

Ces effets négatifs à court terme ne sont pas les seuls. En effet, les programmes que les enfants regardent ou auxquels ils jouent peuvent également avoir des effets délétères pour leur vie psychique en construction. Les enfants ont besoin de modèles pour grandir : papa, maman, tonton, marraine, papy...sont en première ligne. Mais, les héros de leurs dessins animés préférés aussi. Or, ces héros sont souvent très stéréotypés, il a y le meneur, le mené et le redresseur de torts. Un enfant qui grandit en se endossant le rôle du meneur ou du mené risque de renforcer cette image de lui. Petit à petit, tous les autres modèles sont exclus, il devient soit celui qui frappe ou bien celui qui est frappé, celui qui cherche ou bien celui qui est cherché… L'enfant est pris au piège d'un modèle et ses capacités de se mettre à la place des autres diminuent. Ce manque d'empathie peut alors lui rendre la vie difficile dans son contact avec les autres.

Pour aider les enfants à développer leur sentiment d'empathie, leur capacité à se mettre à la place d'autrui, des projets existent. Par exemple, les ateliers de la pensée joueuse pratiqués à l'école, invite les enfants, par le jeu de rôle et des discussions philosophiques, à se mettre à la place de l'autre.

Les enfants de tout âge et y compris les ados, ont besoin d’être accompagnés par les adultes qui les entourent (parents, enseignants...) dans leur découverte des mondes virtuels. C'est l'objectif de la règle 3-6-9-12, donner des repères clairs par rapport aux écrans, en fonction de l'âge des enfants.
L’éducation aux médias passe, aussi par l'échange de savoirs. Les grands enfants sont d’ailleurs parfois doués dans le domaine. N'hésitons pas à faire appel à eux et à leurs savoirs. Ils seront fiers de nous donner un coup de main et de sentir que nous reconnaissons leurs compétences.

L’« éducation aux médias », c’est aussi et surtout échanger sur le vécu émotionnel de chacun face aux contenus diffusés sur les écrans. Les enfants ont besoin de s’exprimer sur ce qu’ils perçoivent, donner du sens et comprendre les émotions que certaines images suscitent chez eux. Pour que les enfants communiquent, on peut commencer par exprimer nos propres ressentis. Ces échanges ne seront possibles que si les écrans sont utilisés dans les espaces communs, salon, salle à manger... En plus de pouvoir communiquer, cela permet de garder un œil sur ce que l’enfant regarde. Pour toute une série de raisons, il est important de limiter les temps d'écran. En moyenne, en Belgique, un enfant passe plus de 3 heures et demie par jour devant un écran.

Limiter mais surtout aider l’enfant à répartir lui-même ses temps d’écrans entre tablette, ordi, tv, console… Lui apprendre à choisir ce qu'il a vraiment envie de regarder le rend actif de sa consommation et diminue le zapping.

Pensons aussi aux moments consacrés aux écrans, par exemple, les matins sont parfois difficiles à gérer, mais la tv ou la tablette avant l'école n'apportent rien à l'enfant, au contraire. Elles diminuent son temps de sommeil précieux, diminuent ses capacités de concentration et cela le rend, du coup, beaucoup moins disponible aux apprentissages. Et avant d'aller dormir, les écrans sont vivement déconseillés. En effet, la lumière bleue émise rend difficile l'endormissement. Alors une heure minimum avant le coucher, on éteint tout. Quant aux moments de repas, profitons de ces temps pour échanger en famille, raconter chacun sa journée, rire, débattre... sans aucun écran à proximité.


Le repas en famille, un moment idéal pour se couper des écrans



Il y a toujours eu une tendance à diaboliser, chez les professionnels de l'enfance, les jeux vidéos et d'autant plus si ceux ci sont considérés comme violents.

Mais, avant de s'intéresser à leurs éventuels aspects négatifs, considérons leurs points positifs. En effet, il a été démontré que les jeux vidéo de coopération entraînent plus de comportements pro-sociaux dans la réalité (ex : partage, empathie), ils développent toute une série de compétences cognitives (ex : flexibilité, rapidité, inhibition) utiles aux apprentissages scolaires, certains permettent aussi de créer du lien social.

Mais cela ne veut pas dire que jouer plusieurs heures par jour pour un enfant lui soit bénéfique. L’accompagner, s’intéresser à ce qu’il y fait, choisir des jeux adaptés, le limiter sont des éléments qui déterminent en grande partie l'impact que ces jeux auront.

Quant au lien direct entre jeux violents et comportements agressifs, il n’est pas simple à établir. Ce que l'on sait c'est qu'il existe des facteurs qui fragilise l'enfant et le rend plus à risques d'être agressfis : le jeune âge de l'enfant, ses capacités de symbolisation (il fait peut de différence entre fiction et réalité), si le contexte de jeu est compétitif (plutôt que coopératif) et si la violence est gratuite.

Pour protéger l'enfant de ces effets négatifs, le mieux est d'adapter le type de jeu en fonction de l’âge de l’enfant et de ses capacités à comprendre qu’il est dans un jeu, de privilégier les jeux de coopération à ceux de compétition et surtout de l'accompagner dans cette exploration en s’intéressant à ce qu’il y fait. Pour guider les parents et les éducateurs, les normes PEGI offrent des balises pour savoir quel jeu est adapté à l'âge de l'enfant.

Montrer l’exemple pour faire entendre…

Comment faire comprendre, faire entendre que les écrans peuvent avoir un impact négatif sur la santé psychique des petits alors qu’ils sont présents jusque dans les lieux d’accueil, les garderies et dans les crèches ? Les pouvoirs publics n'ayant pas pris de décisions fermes en vue de protéger les enfants (pas de publicité avant, pendant et après les programmes pour enfants, interdiction de diffuser certaines émissions avant une certaine heure…), il est difficile de percevoir que les écrans mal utilisés peuvent être dangereux pour le développement de l'enfant.

Quelles pistes de solutions ?
  • L'interdiction des télévisions dans les lieux d’accueil pour enfants enverrait un message clair concernant les dangers des écrans pour les plus petits.
  • La sensibilisation des professionnels quant à l'utilisation de leur propre smartphone durant leurs heures de travail
  • La diffusion de certains programmes à l’heure où les enfants sont devant la télévision pose également question.
  • Mais surtout, réfléchissons à des alternatives aux écrans, qui leur feraient vraiment concurrence. Activités extrascolaires au sein de l’école, dans le quartier, des espaces publics réellement destinés aux enfants : plaines de jeux, terrain de sport, espaces verts...
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