La récente parution du dernier livre de Marcel Gauchet, Le nouveau monde, a le mérite de nous donner du grain à moudre pour penser le monde contemporain et, par conséquence, la psychiatrie qui l’accompagne.
Depuis son premier ouvrage, Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet lit l’évolution de la démocratie comme étroitement liée à la sortie du modèle religieux pour faire société. Dans Le nouveau monde, il mène plus loin cette analyse en distinguant la période relativement récente – l’auteur le situe autour des années 1970- 80 – où nous avons effectivement abandonné ledit modèle religieux... et la période qui a duré près de cinq siècles où il s’agissait toujours d’avoir à nous libérer du modèle hétéronome, pour atteindre ainsi une autonomie qu’il qualifie alors de structurelle.
S’ensuit avec l’advenue de cette autonomie structurelle, le franchissement d’un seuil qui rompt avec le régime hybride qui prévalait encore lorsque l’autonomie avait à se libérer de l’hétéronomie. Aujourd’hui, l’empreinte hétéronome est effacée pour de bon. Comme l’écrit alors Gauchet, on pourrait penser pouvoir s’arrêter là en considérant que la messe est dite et que la démocratie est arrivée à bon port. Mais il serait bien naïf de lire la chose ainsi car le nouvel univers dans lequel les Européens ont pénétré en se dégageant de l’ancien, sans retour cette fois, s’annonce comme particulièrement compliqué à vivre.
Simplement parce que l’un des points cruciaux atteint par ce changement de monde concerne l’inscription dans l’appareil psychique de l’articulation singulier- collectif. Celle-ci se fera de manière fondamentalement différente dans le monde de l’autonomie désormais advenu.
Il est en effet évident pour qui ne veut pas faire la sourde oreille que cela change la donne, voire même modifie peut-être complètement la grammaire en usage : ainsi naître dans un monde où chacun est d’emblée promis à l’autonomie et donc d’abord reconnu et valorisé dans sa singularité, fut-elle potentielle, n’est pas la même chose qu’arriver dans un environnement où on est d’abord assujetti et aussitôt contraint à n’être qu’un comme les autres.
Ceci ne peut pas être sans conséquences, ni sur la conception de la vie collective, ni sur l’éducation, ni sur la structuration de l’appareil psychique lui-même, ni, en conséquence, sur la psychiatrie. C’est ce qu’il s’agira au cours de cette journée d’explorer davantage. Pour contribuer à sa réussite, deux soirées d’introduction au travail de Gauchet sont prévues : les 12 octobre et 9 novembre 2017.
P.A.F. : 50 euro (lunch inclus) – étudiants : 30 euro
Précédée de 2 soirées préparatoires : les 12 octobre et 9 novembre 2017 de 20h30 à 22h30 au C.A.L.
N.B. : vu le nombre de places limité, il est conseillé de s’inscrire dès maintenant à cette journée en effectuant un virement au compte de l’AMoPSY BE57 0018 055906 35, avec la communication : « journée de travail 01/12/17 + prénom + nom »
