Un entretien avec Véronique Rey (06:19), linguiste.
La langue maternelle est fondatrice, le bébé est bercé déjà in utero par la langue parlée par sa maman (voix qu'il entend de l'intérieur). Cette langue maternelle peut ou non correspondre à la langue parlée à l'école. Mais que cela soit le cas ou non, l'enfant découvre en arrivant à l'école un autre registre de la langue (je ne parle pas de la même manière selon le contexte). Lorsqu'un enfant a une langue maternelle différente de l'école, il faut, tout en valorisant cette langue maternelle, avoir des pratiques langagières - comptines, histoires...- dans la langue sociale (sauf par exemple si on souhaite lors d'un atelier faire découvrir une chanson d'une autre langue).
Toutes les 6000 langues parlées dans le monde comportent la même structure - gestes vocaux, mots et phrases - et aucune d'entre elles n'est simple. Une langue parlée à la maison n'est donc jamais structurellement incompatible avec la langue de l'école. L'apprentissage d'une seconde (voire 2ème, 3ème...) est une énorme richesse. L'enfant petit ne comprenant pas le concept de traduction, et pour qu'il s'y retrouve, chaque interlocuteur doit clairement opérer sa ou une langue (maman telle langue, papa telle autre, école encore une différente).