[Livre] Le travail social ou l’«Art de l'ordinaire»
Les micro-traces d’hospitalité sont donc des pratiques moléculaires, sensibles, ordinaires, liées à l’accueil de l’autre, qui peuvent former des empreintes, créer des résonances particulières chez une personne. Indélébiles ou temporaires, elles influencent, activent ou désamorcent mais peuvent également se diffuser sans que personne ne les perçoive, ne les détecte, ne s’en saisisse. Ces pratiques moléculaires d’hospitalité créent des traces en l’autre, mais également en nous-mêmes. L’enjeu de ces actes furtifs, quotidiens, répétés n’est pas le résultat, mais un pari aléatoire en l’avenir. L’action éducative est bien souvent un processus du « un pas en avant, un pas en arrière ». Cependant de la rencontre, des traces peuvent subsister. L’éducateur n’apercevra peut-être jamais les effets de son geste, mais s’il sait être attentif aux signes divers et éparpillés, il pourra peut-être détecter des signes. Le travail social sème aussi pour le futur, les générations futures, le jeune quand il sera parent. Ces traces d’hospitalité se disséminent à l’image de lignes de fuites à travers les relations, l’espace, le temps.