[16e Journées Spirale] L’art de prendre soin des tout-petits : le dialogue fertile de Pikler et Pistoia

Premier mouvement

L’Institut Pikler-Lóczy a été fondé à Budapest en 1946 par la pédiatre Emmi Pikler, dans le but d’accueillir de jeunes enfants rescapés de la Seconde Guerre mondiale. C’est Miriam David et Geneviève Appell qui en parlaient le plus simplement dans ce livre culte de 1973, Lóczy ou le maternage insolite : la pédagogie Piklérienne « fait état de quatre principes directeurs : la valeur de l’activité autonome, la valeur d’une relation affective privilégiée, la nécessité de favoriser chez l’enfant la prise de conscience de lui-même et de son environnement, l’importance d’un bon état de santé physique qui sous-tend, mais aussi résulte pour partie de la bonne application des principes précédents ». Pour Emmi Pikler, à la fois architecte, organisatrice, enseignante, pédiatre, tout importait, le moindre détail était capital. Et pour les accueillants d’aujourd’hui ?

Deuxième mouvement

Pistoia, petite ville de Toscane, fait partie d’un réseau de communes pionnières – comme Reggio Emilia ou Bologne – qui, à la suite des traumatismes vécus par la population après la deuxième guerre mondiale, ont créé, dans les années 1960, des écoles maternelles (scuole dell’infanzia) puis des crèches municipales (nidi dell’infanzia) et enfin des lieux accueillant enfants et familles (centri per bambibni e famiglie). Cette expérience éducative originale, développée dans les structures municipales (0-6 ans) depuis plus de 50 ans, reposait sur une assurance - l’enfant naît riche de ressources et est capable d’apprendre et de communiquer, dès son plus jeune âge – et une vision humaniste et démocratique de l’être humain et de l’éducation – elle affirme le droit des enfants à être écoutés, à s’exprimer, à participer, à être inclus sans aucune distinction, tout comme leur famille. Elle insiste sur l’importance de l’environnement de l’enfant, qui doit être riche, accueillant, chaleureux et esthétique (l’art et la nature ont une place essentielle), sur les liens avec la ville (les enfants sont des citoyens à part entière) et sur la pratique professionnelle de « documentation ». Qu’est-ce que les pratiques et la pédagogie de Pistoia nous apprennent de l’accueil des petits enfants et de leurs familles ?