Belle année 2020!

L’adolescent est enfiévré, fougueux, insolent, impertinent, violent, inconséquent, narcissique…

À tous ces qualificatifs qui entourent nos discours d’adultes sur les jeunes depuis maintenant plusieurs siècles, il faut répondre que l’adolescent est créatif, imaginatif, courageux, beau, idéaliste et que surtout, il représente l’avenir. Il nous positionne déjà dans le passé, nous les
adultes qui lui léguons un monde qu’il aura et qu’il a déjà à reconstruire. Néanmoins les jeunes ne créeront pas le monde de demain sans le soutien des ainés, qui ont des choses à leur transmettre. C’est à travers les yeux des adultes que l’adolescent se regarde et se construit, c’est dans le regard de l’autre qu’il se définit une identité. C’est donc une responsabilité fondamentale que de regarder nos jeunes avec bienveillance et amour, pour qu’ils puissent s’aimer en retour. C’est la tâche de tous les parents et de la société toute entière que de croire que nos enfants sont créatifs et feront mieux que nous, pas en termes d’ascension sociale, mais en termes collectifs, de bien commun. Nous devons apprendre à nos enfants à être libres de construire leur propre identité dans un monde qui leur donne parfois envie de ne jamais sortir de chez eux, libres de vouloir changer le monde, mais surtout de s’en donner les moyens. Ce n’est pas si facile de croire en nos enfants et de les considérer avec bienveillance.
Pour Marcel Conche (2013), métaphysicien, quelle que soit la position philosophique que l’on prenne, on est obligé de penser la condition des enfants et dans cette condition arrivent au premier plan des violences qu’on leur fait subir au nom de ce que chaque société considère comme nécessaire pour grandir et devenir une femme ou un homme. Quelle que soit cette société, la dose est grande, toujours. Elle se situe parfois dans des attentes ou des projections différentes, mais cette violence est toujours présente. Sans doute y a-t-il une dose nécessaire et incompréhensible, la violence du réel en quelque sorte. Cependant on peut légitimement s’interroger sur l’intensité de cette violence, sur l’universalité des pressions qu’on exerce sur les adolescents, sur la crainte ou de la déception qu’on nourrit si vite à leur égard. En d’autres temps troublés, au cours de la seconde guerre mondiale, Winnicott insistait sur le fait que l’objectif de toute intervention auprès des enfants, c’était de leur permettre de penser ou d’être capable de penser à nouveau que « la vie vaut la peine d’être vécue » pour elle-même, par elle-même et pour les autres.
Ce qui caractérise la jeunesse, c’est la nécessité d’inventer, d’innover, d’imaginer des manières de faire, de modifier les hiérarchies, de vivre, de s’engager, d’expérimenter toutes les formes de liberté, de modalités adaptées à leur temporalité, à leur subjectivité aussi.
Il y a sans doute un peu de transgression dans toute adolescence, une envie de s’émanciper de la tutelle et des conseils parentaux ou de ceux des adultes qui croient savoir, mais c’est beaucoup plus que cela! C’est avant tout une forme d’engagement dans la vie, d’invention de formes et de manières qui correspondent à cet âge de la diversité, de la nécessité d’advenir, de penser et de faire par soi-même...

Extrait du livre Temps d'arrêt "À l’adolescence, s’engager pour exister" de Marie Rose Moro et Adrien Lenjalley.

 

 

Les cartes postales (série de 5) sont disponibles à la demande via cette page.

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