[Extrait de livre] Et l'équilibre dans tout ça

La mentalisation se base sur la capacité à se voir soi-même de l’extérieur et à voir l’autre de l’intérieur. Il s’agit d’un équilibre à trouver entre soi et l’autre. Pour le jeune parent décrit ci-dessus, il s’agit de soutenir ses capacités à explorer ses éprouvés émotionnels en se regardant de l’extérieur dans un processus qu’on peut rapprocher d’un insight ou d’une forme d’introspection : Comment je me sens, qu’est-ce qui me fâche autant, pourquoi est-ce que je réagis ainsi ? Qu’est-ce que cela évoque de mon histoire ? Comment c’était quand j’étais petit ? Et en parallèle, il s’agit de voir l’autre de l’intérieur en s’appuyant sur ce que les théories de l’esprit nous ont appris à propos du changement de perspective. Mon enfant que ressent-il ? Qu’est-ce qu’il ressent quand je le regarde et qu’il me fait peur ? Est-ce qu’il ressent cette peur ? Comment ça doit être pour lui quand je m’éloigne ou que je le dénigre ?
Tous ces mouvements d’identification à l’enfant, au parent quand il était lui-même un enfant, à ses propres parents quand eux-mêmes étaient jeunes et dépassés, soutiennent les capacités à changer de perspective, à voyager à la fois dans l’espace mais aussi dans le temps. Ces mouvements vont aider la régulation des émotions chez le parent lui-même et en retour chez l’enfant. Pour l’enfant, le paysage émotionnel devient plus large et flexible, ce qui permet l’émergence d’alternatives comportementales. Pour le parent, au cœur de ces processus de mentalisation, il y a des appuis qui lui permettront de contenir autant ses émotions que les émotions de l’enfant. Il s’agit à la fois de les vivre mais sans les laisser nous déborder.

In Ayala Borghini, « S’ajuster à l’enfant sensible au monde »,  yapaka, P46, juin 2024

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