Petites chamailleries entre frères et sœurs

Ces parents, préoccupés, ont peut-être peur. Peur que, parce que leurs enfants se chamaillent beaucoup, ils ne s'aiment pas. Leur représentation idéale de la fratrie est-elle à ce point vierge de toute opposition, de toute confrontation qu'ils sont ébranlés à la moindre escarmouche? Mais être en conflit constitue pour les enfants une autre manière d'entrer en communication (ce qui est vrai pour les adultes l'est aussi pour eux). Se provoquer est pour eux un moyen, certes plus que bruyant, de dire aux parents qu'il y a de la vie entre eux (et cela passe par des rivalités, des jalousies, des désirs contradictoires, des opinions divergentes, des difficultés de partage...). Se bagarrer est aussi pour eux une façon de témoigner qu’ils se sentent suffisamment en sécurité pour ne pas penser que tout risque de s’effondrer après coup.

Les parents sont touchés différemment par les conflits d’enfants. Très souvent, ils y projettent ce qu'ils ont eux-mêmes vécu quand ils étaient jeunes. Jusqu'à faire, parfois, des courts-circuits entre passé et présent... et à interpréter de façon erronée une situation? Marie en témoigne: quand elle était gamine, sa mère lui attribuait un sentiment de jalousie à l'égard de sa sœur; sentiment qu'elle, Marie, était sûre de ne pas ressentir; mais sentiment que sa mère avait éprouvé, quand elle était petite, envers sa propre sœur... "Ma mère a eu ce qu'elle voulait: j'ai fini par jalouser ma sœur!"

Le plus étonnant, finalement, c’est quand, à l'extérieur de la maison, les enfants oublient leurs dissensions et s’affichent solidaires. Autre situation surprenante, rapportée par une mère de deux garçons: "Quand ils sont ensemble, c’est la guerre, mais si l’un est absent, l’autre le réclame."

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