Salut les copains, au revoir les parents…

Que la maman ou le papa qui n’a jamais eu la tentation de dire oui à sa progéniture pour ne pas paraître ringard nous jette le premier game boy à la tête. "Papa, est-ce qu’on peut regarder Star Academy ce soir?" -"Alleeeez oui! répond le père fatigué qui rajoute, face à l'œil interrogatif de la mère: "Après tout, moi aussi, je trouve mignonne Nolwenn et Jean-Pascal est marrant. Et puis, après tout, c’est une émission de chansons comme une autre…"
Quel est le parent qui ne s'est jamais laissé répondre vertement par ses enfants, minimisant le fait pour mieux le digérer?

Démission ou volonté de mieux communiquer avec ses enfants et ses adolescents? Peur d’être exclu de leur monde? Refus de vieillir, d’assumer les responsabilités de l’âge adulte? Le phénomène des parents copains recouvre bien des réalités, parfois simultanées, parfois successives.

Laisser faire?

Si tous les ouvrages et la plupart des psychopédagogues prônent en effet le dialogue entre les membres de la famille, voire le respect de leurs silences mais aussi la discussion des choix de chacun, tous semblent revenus du modèle hérité de Mai '68. La vague de permissivité qui en a découlé a submergé les années 1970. Aujourd’hui, elle s’est retirée du rivage de l’éducation, après avoir brouillé les pistes et emporté les jalons plantés par d’autres générations. Laissant du même coup parents et enfants sans repères.

Evidemment, pas question de revenir à des méthodes répressives encore présentes dans la mémoire de certains. Tout interdire n’est évidemment pas la meilleure façon de préparer un enfant à la vie. Par contre, un laxisme forcené n’est guère plus recommandé. Il pourra même être ressenti à long terme par le jeune comme un désintérêt. Un comble pour le parent copain, qui avait pourtant investi du temps à partager une activité sportive, des jeux avec son fils ou sa fille. Il risque alors de passer à côté de l’objectif en principe recherché: se rapprocher de son gosse et l’aider à grandir.

Baliser le terrain…

Derrière ces buts avoués et conscients, il y a, côté parent, une part de volonté de rester adolescent. C’est tout le phénomène actuel de l’adulescence, qui est bien autre chose que le papa qui achète un train électrique pour son petit parce que lui n’en a jamais eu. Ou que la maman qui s’habille comme sa grande fille… et ses copines. Le parent adulescent refuse de faire preuve d’une quelconque autorité ou responsabilité importante.
Pourtant, les enfants ont besoin de se sentir épaulés, guidés et encouragés par leurs parents. Et de la confrontation aux limites posées, naît la construction de la personnalité du futur adulte.

La difficulté, pour les parents, vient bien sûr de mettre sur pied un système de bornes, qui seront autant de balises pour le jeune. Il n’y a évidemment pas de normes ni de réponses standards, même si certaines valeurs vont tout naturellement être communes à toute pratique familiale. Chaque famille est invitée à développer ses limites tout en intégrant l’idée qu’elles puissent être renégociées au fil du temps.

Afin de définir ces frontières élastiques, il est bon de se poser quelques questions préalables: "Les limites que je donne sont-elles claires pour moi? Sont-elles bien comprises par mon fils ou ma fille? Quel serait l’arbitraire pour moi? Avons-nous, mon conjoint et moi, une base commune, bref, sommes-nous d’accord sur les limites importantes?" N’est-ce pas là, finalement, que réside la véritable ouverture d’esprit?

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