Une coalition Parquet/Police/Ecole……quand la Justice Police le Parquet de l’Ecole

 

 

 

 

 

Une école de banlieue chic d’une ville industrielle. Trois combis, les chiens renifleurs, fouilles…opération coup de poing anti-drogue en coopération Ecole/Parquet. Les élèves tenus en classe durant l’opération….. Non ce n’est pas une répétition des services de secours. Elèves déshabillés dans le bureau de la direction, élèves emmenés au poste. Les plus grands, s’ils le peuvent s’amuseront de participer à un mauvais feuilleton, les autres…se débrouilleront avec leurs frayeurs. Que cette intervention ait été menée récemment dans le cadre d’une journée qui se voulait intégrative des dimensions corporelles, psychologiques  et spirituelles, ajoute à l’épouvante.

Les psycho-sociaux en charge des interventions préventives d’assuétudes vous diront que la contribution de l’école réside dans ce qu’elle offre un lieu d’expression. Des méthodes de communication telle que PRODAS, mise en œuvre dès la maternelle ont pour objectif d’équiper nos enfants d’expériences relationnelles réussies. Parler de soi, écouter quand on a mal, quand on a peur ou quand on est triste. Apprendre à faire une demande quand on est pris dans une situation familiale difficile et anxiogène, quand on a à faire face à des « parents manquants ». Apprendre l’empathie et la solidarité. Apprendre à dire non sans craindre de perdre l’amour et/ou l’amitié. Apprendre la différence.

A l’école dont il est question ci-dessus les élèves ne peuvent que la « fermer ». Y dire sa détresse risquerait fort de désigner et de pointer l’élève. L’expression d’un désarroi le ferait peut être entrer dans une liste de suspects, à surveiller.                                                                                                                                                                                                Nous savons que l’addiction se vit dans un contexte de perte de  la relation de confiance envers les parents et éducateurs qui laisse le jeune seul face à ses réalités et ses fantasmes. Cette école est en train de nous fabriquer quelques clients pour des actions de santé mentale. L’école dont il est permis d’attendre qu’en période d’adolescence elle soit un lieu d’expression est devenue un lieu de contrôle de soi, de fermeture.

Dans ce lieu, le jeune informé de la détresse d’un compagnon gardera de manifester son empathie de crainte d’en rajouter aux misères de l’autre. Il s’abstiendra de demander de l’aide aux adultes pour soutenir le camarade dont les dérapages l’angoissent. Cette école détruit la solidarité.

Au-delà du risque de générer des problèmes de santé mentale, ce passage à l’acte déguisé en action préventive disqualifie  Justice et Police pour cette génération d’élèves.  La publicité faite à l’évènement semble avoir pour intention de cirer le parquet de l’école. Ce qui aura des conséquences  plus élargies.  Un passage en force qui ne questionne pas les effets iatrogènes d’interventions qui se voudraient être protectrices et curatives. Les pouvoirs politiques doivent s’émouvoir  de ce type de pratiques dignes des plus mauvais feuilletons. Les mieux équipés psychologiquement ne pourront qu’en rire. Mais au delà des questions de santé est-il judicieux que l’Ecole, la Justice et la police  prêtent ainsi le flan à la critique et se disqualifient. Cet acte est mauvais pour la démocratie.

Comme travailleur de la santé mentale, accompagnant  des adolescents en grandes difficultés psychologiques je ne blâme pas les actions qui luttent contre les dealers voyous qui « biznessent » dans les écoles. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse d’un bon endroit pour sortir les karchers.

J’en appelle aux psycho-sociaux, aux médecins, aux éducateurs et aux politiques pour que ces actions soient pensées dans la transversalité des pouvoirs. La cité doit se gérer en prenant en compte les effets qu’engendrent les actions menées par ses dirigeants.(Action = acte + intention).

 

luc.fouarge@scarlet.be

 

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