[Texte] La confiance entre adultes autour de l'enfant

Aujourd’hui, la confiance entre les professionnels de l’éducation (enseignants, moniteurs sportifs, éducateurs…) et les parents semble fragilisée. Parents et professionnels en témoignent.

Or, la confiance fonde la relation et permet à l’enfant d’y prendre appui pour grandir.

Ce que l’enfant gagne quand les adultes échangent, se font confiance
Sentir que les adultes qui l’entourent se font confiance, se reconnaissent mutuellement dans leur rôle, sont en alliance éducative, est apaisant et rassurant pour l’enfant. Il peut alors plus facilement construire le pont entre la maison et le monde extérieur, se raconter sans craindre colère ou jugement. Même si le cadre diffère d’un milieu à l’autre, le respect mutuel de chacun des cadres de vie permettra à l’enfant d’en comprendre mieux les contours, de les intégrer. Ces différences deviennent des richesses pour l’enfant qui découvre des manières de faire, de penser, de vivre différentes.

A contrario, si les adultes se montrent méfiants les uns envers les autres, s’ils remettent en question la légitimité de l’autre, l’enfant sera le premier à le ressentir. Il risque alors de se sentir tiraillé entre ces différents univers, pris dans des conflits de loyauté qu’il ne peut résoudre.

Difficulté de se faire confiance
Ce manque de confiance s’ancre en partie dans la nécessité de remettre en question, d’interroger le respect parfois aveugle dont les institutions pouvaient autrefois bénéficier. Aujourd’hui, les parents revendiquent un droit de regard en matière d’éducation. Revendication parfois renforcée par des situations où l’institution se montre rigide, opaque vis-à-vis des parents.
La multiplicité des modèles éducatifs proposés aujourd’hui renforce sans doute aussi cette tendance des parents à questionner, et interroger le choix des pratiques des institutions ou des adultes à qui ils confient leurs enfants.

La société actuelle fait miroiter la chimère d’un bonheur absolu pour chacun, y compris les enfants. Cette quête vécue comme une injonction pousse parents et professionnels dans une recherche de perfection ne laissant pas de place au doute, à l’erreur et aux ajustements, ce qui ajoute une pression au rôle de chacun. Celle-ci peut se manifester par une exigence réciproque accrue ou par une incompréhension lorsque les choix opérés par les uns ne correspondent pas à ceux des autres.

Or, parents et institutions sont des partenaires indispensables et complémentaires dans l’éducation de l’enfant pour le rassurer et l’aider à grandir. Il importe que chaque adulte accepte et légitime les autres dans la place différente qu’ils occupent auprès de l’enfant. C’est à partir de cette diversité que l’enfant se développe, qu’il observe que des avis, des points de vue divergents voire des désaccords peuvent coexister dans le respect de l’autre hors de toute disqualification ou revendication.

(Ré)instaurer la confiance et soutenir une alliance éducative porteuse pour l’enfant
Afin de pouvoir accorder sa confiance, le parent a besoin d’informations concrètes sur ce qui sera demandé à l’enfant (ce qui se fait en classe, dans le club sportif, lors d’une activité extra-scolaire,…) mais aussi de connaître le cadre général de l’institution (projet pédagogique, règlements…), quelles en sont ses valeurs afin de sentir si elles sont en accord avec les siennes propres et celles de la famille.

S’il n’est pas nécessaire de tout dire, il est toutefois important de communiquer et d’expliciter les règles et les attentes souvent implicites de l’institution. Un cadre fixé, dont les règles, les codes… sont explicites permet d’une part aux parents de déterminer si le projet leur convient et d’autre part aux professionnels de s’y appuyer en cas de désaccord avec les parents.

Ces informations sont essentielles car la méconnaissance ou les représentations, parfois erronées, que les familles ont des milieux scolaires ou sportifs, de leur jargon et de leurs codes, voire le souvenir d’un vécu personnel douloureux face à l’institution scolaire, peuvent être à l’origine de ce manque de confiance.

Prendre du recul pour rencontrer les familles sans préjugés
Il s’agira alors, de sa place de professionnel, de se mettre à l’écoute des parents, d’interroger avec eux ce qui fait l’objet de leurs revendications, de leurs difficultés à confier l’enfant, leurs préoccupations… voire de dissiper d’éventuels malentendus. 

Par ailleurs, obtenir l’adhésion des parents implique que l’enfant soit entendu et soutenu en cas de difficulté. La cohésion affichée de l’équipe, sa vigilance et sa réactivité à affronter un problème, sa capacité à revisiter ses pratiques ainsi que le soutien de la hiérarchie, seront autant d’éléments rassurants qui permettront à la confiance de s’installer.

Il s’agit là d’un exercice permanent. Ouvrir des lieux et des temps pour des rencontres formelles et informelles permettant des échanges réguliers est indispensable. Ce sont ces moments qui tissent petit à petit les liens de confiance.

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