Un entretien avec Michèle Benhaïm (04:45), psychologue, dans le contexte du Covid-19.
La crise et les mesures nécessaires pour y faire face divisent bien souvent les équipes. Lorsque les gens ne vont pas bien, on observe une tendance à l'agressivité qui à défaut de pouvoir s'en prendre au covid se transfère sur une autre adresse que sont les collègues.
En équipe, il faut pouvoir échanger sur les mesures qui semblent tenables et qui peuvent prendre sens de celles qui n'en ont aucun. Par exemple, désinfecter après chaque passage quand on travaille avec des adultes s'avère réaliste dans une certaine mesure mais pas quand on travaille avec des enfants dont la nature les pousse à toucher, découvrir, mettre en bouche... En équipe il faut pouvoir échanger sur l'instauration de normes sanitaires qui soient tenables dans le temps. Il est surtout capital que les individus ne restent pas seuls dans leur pratique mais que de la collectivité soit restaurée.
Si dans un premier temps la crise a pu pousser les gens à se soucier les uns des autres, les souder, si on a cru que la crise pourrait générer de la créativité, de l'inventivité dans les pratiques qui perdurent à long terme, cela ne se révèle pas vrai. En effet, la durée et l'absence totale de perspective quant à l'issue génère du stress et de l'usure qui éloignent plus que ne rapprochent les gens.