La santé de la maman du prématuré

A l'initiative du Conseil des Femmes Francophones de Belgique(1), une mise au point a été effectuée et des recommandations émises concernant la santé de la maman du prématuré.

En Europe, en 2010, le taux de prématurité se situe entre 5 à 10%. Avec un taux de prématurité d’environ 8%, la Belgique se place globalement dans la moyenne européenne. Environ 11.000 bébés y naissent prématurément dont 1.500 grands prématurés de moins de 32 semaines. Les séjours prolongés à l’hôpital et les soins consécutifs à toutes les séquelles de la prématurité entrainent des coûts importants pour la santé publique et pour la sécurité sociale ainsi que des coûts indirects pour la société.

Chez la femme, on peut identifier plusieurs facteurs de risque: âge inférieur à 18 ans ou supérieur à 35 ans, tabagisme, alcoolisme, grossesses multiples, antécédent de nouveau-né prématuré, mauvaises conditions socio-économiques, stress, fatigue excessive liée au travail professionnel ou familial, déplacements quotidiens, position debout prolongée, certaines conditions médicales…

Les pratiques de soins aux bébés prématurés ont déjà bien progressé au cours de ces dernières années entrainant une diminution de la mortalité et de la morbidité des prématurés. Il reste cependant encore du chemin à parcourir.

Le mouvement de Soins de Développement est en marche, le NIDCAP commence à s’implanter en Belgique et le paysage de la néonatologie se transforme: le stress et la douleur de l’enfant sont pris en considération, la présence parentale se renforce, la pratique du bébé kangourou se répand, le cadre architectural se modifie. La durée de séjour à l’hôpital des prématurés peut être réduite s’ils sont hospitalisés dans une chambre permettant à la mère d’y séjourner avec son bébé.

Pour améliorer la situation, il y aurait lieu de tenir compte des deux recommandations suivantes:

  • Favoriser le développement des chambres mère-bébé (couplet care)

Le concept du «couplet care» se base sur une véritable hospitalisation familiale dès la naissance permettant à la maman et au papa d’être dans la même chambre que leur bébé pour leur permettre d’en prendre soin très précocement. Il est donc important de financer le développement de ces chambres mère-bébé dans les services néonataux. Ce changement peut être difficile. Il dépend de la culture locale de chaque service de néonatologie mais aussi de la volonté des autorités pour instaurer ce changement.

  • Allonger le congé de maternité des mamans de prématurés

Cet allongement, après le retour du bébé à la maison, permettra aux mamans qui le souhaitent de ne pas devoir éventuellement arrêter de travailler, cause d’une perte de revenus. Il favorisera aussi l’attachement au bébé dans cette période cruciale de son développement. De plus, les pédiatres déconseillent fortement la mise en crèche des grands prématurés beaucoup plus sensibles aux infections, entre autres bronchiolites responsables d’hospitalisations en soins intensifs.

 

 

(1) Le Conseil des Femmes Francophones de Belgique (CFFB) est une coupole d’associations de femmes francophones, pluraliste et qui a pour objectif principal de promouvoir la cause des femmes. Une Commission ‘Santé’ a été constituée il y a quelques années. Elle s’est penchée cette année sur le thème de la santé de la maman du prématuré et a rédigé un Livre Blanc et émis un ensemble de recommandations qui ont été discutées lors d’un colloque organisé à Bruxelles le 13 novembre 2015 en présence

  • d’un expert suédois, le Pr B. Westrup (Karolinska, Suède), qui a participé à l’implémentation des chambres mère-bébé en Suède
  • de Muriel Gerkens, députée fédérale, présidente de la Commission Santé de la Chambre
  • de Monsieur et Madame Zinga, représentant les associations de parents de prématurés
  • d’expertes belges: la Dr Marie-Paule Durieux, pédopsychiatre, psychanalyste à l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (ULB), la Professeur Dominique Haumont, néonatologue, CHU Saint-Pierre (ULB) et la Professeur Corinne Hubinont, spécialiste en obstétrique aux cliniques universitaires Saint-Luc (UCL).
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