Ce roman de Bénédicte Des Mazery aborde la maternité partant d’un déni de grossesse. Avec finesse et humanité cet œuvre de fiction trace tous les mécanismes qui entourent l’arrivée d’un bébé, les plus sombres et les plus lumineux. Il assimile également les enjeux liés aux nouvelles technologies, à la parentalité contemporaine.
Il pose aussi les questions de la paternité dans toutes ces composantes actuelles.
"Et l'arrivée du bébé à la maison que Romain imaginait douce et tranquille s'est transformée en une course solitaire, de vitesse: présence, écoute, disponibilité permanente. Jour et nuit. Nuit et jour. En quarante-huit heures, il a donné quinze biberons, fait faire une palanquée de rots, utilisé un paquet entier de couches, remonté des dizaines de fois le mécanisme de la boite à musique et des dizaines de fois soulevé et reposé de son lit Tom que n'endort pas la berceuse de Mozart. Il a rempli la corbeille à linge sale de pyjamas, bodys, bavoirs, mais aussi de ses trois chemises et ses deux pantalons maculés de lait caillé. Il n'a pas eu un moment pour profiter de son enfant, pour lui prodiguer ces gestes tendres qu'à la maternité il rêvait d'accomplir longuement: le caresser, l'embrasser, le bercer. Est-ce la fatigue de l'accouchement? Elise la Belle au bois dormant lui a tout laissé faire, et il pense qu'elle l'a fait volontairement. Est-ce ça, une mère? Non. Ce qu'il sait, ce qu'il a entendu, c'est qu'une mère "normale", même malade comme l'a été la sienne durant des années, s'occupe instinctivement de son enfant. Cette histoire d'instinct maternel, on a beau dire, il continue d'y croire lui."
