Les « pensées poissons » et les traces de l’inconscient dans l’oeuvre de Patrick Corillon

Serait-il possible de déceler des traces de l’inconscient
d’un artiste dans son œuvre ?Dans
le cadre d’un doctorat en histoire de l’art, je me sers à la fois de la
méthodologie propre à cette discipline et de celle de la psychanalyse pour
analyser « Le diable abandonné », un triptyque d’art vivant
accompagné de trois livres, réalisé par l’artiste contemporain belge Patrick
Corillon. Rappelant le souvenir du théâtre de marionnettes et des livres pour
enfants, l’œuvre plonge le spectateur-lecteur dans un état d’enfance. En outre,
l’analyse doctorale vise à reconstituer le processus créateur qui se trouve à
la base de « Le diable abandonné ». Dans cette optique, des
« entretiens psychanalytiques » s’avèrent particulièrement
révélateurs, ainsi que l’étude des « carnets de papillons » de
l’artiste. Ces cahiers de notes et de croquis jouent un rôle tout à fait
fondamental au cours du processus créateur, car c’est là que la création
« fait trace » pour la première fois. Ces traces ont leur histoire,
elles aussi. Elles s’enracinent dans les nombreux livres que l’artiste a
dévorés et qui l’entourent littéralement pendant le processus créateur. Selon
l’artiste, ces traces font leur apparition tantôt consciemment, tantôt
inconsciemment. Les pensées, les mots et les images surgissent comme les
poissons dans un étang qui montent à la surface de l’eau. C’est aussi vital.