La manière dont les institutions voient les familles et interviennent dans leur organisation au moment des ruptures d’union a basculé au cours des dernières décennies.
On est passé d’un modèle décisionnel tutélaire, qui échappait aux intéressés, à une formule reposant sur l’appel à l’autorégulation. Aujourd’hui, les autorités en charge de la famille se placent en retrait autant que possible, confiant aux intéressés la recherche des solutions qui s’appliquent à leur situation.
Ce texte analyse ce basculement, le sens et la portée qu’il prend. N’y a-t-il pas un paradoxe à prétendre s’appuyer sur la volonté et le consentement des partenaires alors qu’ils sont en conflit ? Le fait de confier aux parents la tâche de s’accorder sur les mesures à prendre pour leurs enfants et eux-mêmes n’entre-t-il pas en tension avec les pressions et les déterminations sociales fortes qui persistent néanmoins ? Examiner cette évolution, également les oscillations qui restent à l’œuvre, guidera le professionnel dans la compréhension des frontières entre sphère privée et publique.
SOMMAIRE
Transformations de la famille et privatisation
Privatisation du traitement judiciaire de la rupture : L’émergence d’un modèle de décision
- Les couples veulent une rupture à leur mesure
- Les juges préfèrent les solutions venant des parties
- Les médiateurs, champions de l’empowerment
- Le législateur fait du divorce consensuel un modèle par défaut
- Renvoyer les décisions aux intéressés : quelle opportunité et quels risques ?
La privatisation ? Mais quelle privatisation ?
- Des paradoxes et des questions face à l’appel à l’autorégulation
- La privatisation sous contrôle
- L’autorégulation n’efface pas les déterminations sociales
Conclusion
Bibliographie