Critique parue dans le blog "la ruelle bleue" le 23/11/2011
« Room » ne doit pas être défloré. Tout au plus peut-on évoquer le premier chapitre qui introduit l’intrigue.
Un nouveau jour se lève et Jack fête ses 5 ans. Du haut de ses quatre-vingt-dix-neuf centimètres et avec ses mots à la fois puérils et affûtés, il nous raconte sa journée d’anniversaire et les trois jours suivants. Soixante-douze pages de monologue d’un bambin insatiable qui personnifie tous les objets qui l’entourent et qui excelle à rendre compte du plus minuscule détail de son environnement…
C’est dingue tout ce qu’il peut raconter sur lui, sa vie, sa mère, ses désirs, ses attentes, ses loisirs, ses habitudes. Cet enfant a une vie bien réglée, certes monotone, mais une maman très présente et dévouée. Il étonne par sa curiosité, son éveil ; il attendrit par le grand amour exclusif qu’il porte à sa mère et qu’elle lui rend bien, armée d’une patience et d’une tolérance à toute épreuve.
En long, en large et en travers Jack nous promène donc dans son univers. Vous ne croyez pas si bien lire.
Profitez pleinement de la sérénité et de la naïveté apparentes de ce moment à peine voilé d’une ombre de perplexité suspicieuse. Sachez apprécier le rythme lent et le ton badin de ce gamin déluré car dès le deuxième chapitre, vous entrerez « pour de vrai » dans le vif du sujet. Vous serez alors entraîné dans un tourbillon infernal dont la force vous collera aux pages du livre. La tension grimpera crescendo jusqu’au point final grâce à une habileté narrative assez exceptionnelle et un angle de traitement redoutable de ce qui d’ordinaire reste cantonné au fait divers qui vous émeut mais que vous oubliez très vite.
Emu, vous le serez. Mais vous n’êtes pas prêt d’oublier « Room »…