Armadilo, dossier enseignement

Le dossier Armadilo, des pistes de réflexion et d’action en rapport avec la problématique de l’abus sexuel, réalisé par Child Focus et Clé pour la jeunesse à destination des enseignants est diffusé depuis mai 2005. Le dispositif, les messages de prévention et les référents cliniques développés dans cet outil pédagogique est en contradiction avec la politique d’aide et de prévention mise en oeuvre en Communauté française. A partir d’un énoncé des référents qui fondent cette politique en Communauté française, l’avis ci-après explique en quoi la démarche proposée dans ce dossier est susceptible de créer confusions et effets contre-productifs.

Cet avis requiert un bref préalable afin de rappeler les référents qui fondent la politique de prévention mise en oeuvre en Communauté française, référents à partir desquels les remarques ci-après sont émises.
La pratique nous enseigne que la maltraitance est avant tout intrafamiliale et engendrée par des personnes en situation de détresse psychique et/ou sociale, soit potentiellement chacun d’entre nous.

La prévention doit s’inscrire en réponse à cette réalité clinique et se situe donc prioritairement dans la sphère de l’aide. Face à une personne en difficulté et en souffrance relationnelle, il s’agit de renforcer les mécanismes de solidarité, de reliance, les dispositifs d’aide et l’accès à ceux-ci. Les situations relevant de psychopathes restent largement minoritaires et requièrent d’autres pistes qui ne font pas l’objet de notre propos.
Dès lors, pour être opérante, la démarche de prévention doit se fonder sur la confiance dans les familles, leur entourage et les professionnels qu’elles rencontrent chaque jour. La prévention doit proposer un cadre qui invite chacun à se construire plutôt qu’à distiller des règles de conduite ; un cadre qui propose une aide et une protection chaque fois ajustées aux ressources et potentialités de la famille et de l’enfant autant qu’à ses fragilités. En Communauté française, la prévention soutient cet axe de l’aide et de la protection de l’enfant dans son intérêt premier et dans la prise en compte des ses potentialités et celles de ses parents, de sa famille, de son environnement.

La démarche se fonde sur le principe qu’il revient à l’adulte d’assurer la protection de l’enfant et de garantir les conditions de son développement. Dans cette perspective, le dispositif d’aide soutiendra le parent en situation de fragilité.
Si les campagnes de prévention constituent une nécessaire parole publique, elles n’ont de sens que si elles sont en concordance entre elles, que si elles renforcent des mécanismes de solidarité visant à réduire la précarité et viennent en appui des dispositifs d’aide chargés d’assister très concrètement les familles en souffrance. Elles ne peuvent qu’être un des maillons d’une politique globale d’aide. Une cohérence dans l’ensemble des messages publics diffusés participe à construire ce mouvement commun.

La prévention doit soutenir et renforcer les mécanismes de solidarité et l’implication de chacun à partir de sa position familiale, sociale ou professionnelle. La prévention doit offrir une réponse à la question de la souffrance et de la fragilité relationnelle.
Cette perspective vient en contre point d’une démarche privilégiant le soupçon pointant l’auteur comme un criminel et un pervers, et sollicitant le tiers comme un délateur.


Elle prend aussi la tangente des démarches positivistes fondées sur une bonne manière d’agir.

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