Certains proposent d'organiser ce 25 mai une journée des enfants disparus .A cette occasion, une campagne massive est lancée en France sous le slogan « Défense d'enlever ».
Une vidéo de 36 secondes campe un contexte anxiogène. Sur fond sonore dramatique, défilent des affiches d'enfants disparus. Zoomant du singulier à la masse d'enlèvements, le message soutient que « personne n'est à l'abri ». Et, en terminant le spot par le message « Fugue, enlèvement, soyons vigilants », les initiateurs ajoutent une confusion entre des types de disparitions extrêmement différents. Tout ceci brouille encore davantage les repères émotionnels.
En effet, nous pensons qu'organiser une telle journée contribue à accroître l'anxiété de parents déjà fragilisés par la médiatisation de chaque disparition. Dès lors, ces parents hésitent à laisser à leur enfant la possibilité d'acquérir progressivement leur autonomie.
Du côté des enfants, il est également contreproductif d'évoquer un monde hostile et dangereux dans lequel ils doivent être sur leurs gardes. Comment grandir dans un tel monde ?
L'angoisse n'est jamais moteur de prévention ; laquelle repose plutôt sur la capacité de penser des adultes et des enfants et sur la transmission de la confiance en soi.
L'appel à témoin, soutenu dans la campagne d'affichage, participera aussi à augmenter l'état de vigilance et détricotera plus encore la solidarité et la confiance en l'autre. Nous pensons au contraire que la prévention doit privilégier le relationnel et renforcer la solidarité entre les adultes.
Qu'en pensez-vous?
Nous vous invitons à (re)lire le texte de Vincent Magos et Françoise Petitot « Halte à l'alerte » paru dans Libération le 08-02-2007