A l’adolescence, « la séparation est porteuse d’une double valence, positive et négative : elle est à la fois absolument nécessaire et absolument insupportable au sujet ». Tous les liens que nous construisons, tout au long de la vie, sont faits de rapprochements et de séparations. L’image de la coupure du cordon ombilical, si souvent utilisée dans nos consultations, « véhicule le mythe d’une unité, symbole de perfection, dont la perte ouvre sur une éternelle nostalgie à l’adolescence ». L’accès à la puberté introduit de nouvelles modalités relationnelles avec l’entourage et introduit une forme de distance. Pour le jeune, la séparation est à la fois un accomplissement, un but et un arrachement. Dans notre clinique actuelle, nous rencontrons de nombreux adolescents qui tentent de se séparer de leurs parents, de leur milieu familial, des contraintes scolaires devenues narcissiquement trop exigeantes, des enjeux sociaux auxquels ils croient devoir répondre. Les jeunes, en rupture de projets, de désir, sont légion, les décrochages scolaires ont énormément augmenté et plus encore depuis la crise sanitaire et l’incertitude climatique. Quand il y a divorce, rupture, deuil, perte dans la vie de l’individu, l’angoisse et le trauma sont actifs. Le propos d’Isée Bernateau n’est pas de se centrer sur la résonance traumatique des événements de la vie du sujet mais « de comprendre comment se constitue, dans le psychisme humain, l’éprouvé d’une séparation entre le sujet et l’objet, en prenant en compte non seulement le sentiment conscient, mais aussi et surtout ses dimensions inconscientes ».
Madame Isée Bernateau, psychanalyste et professeure à l’Université Paris Cité. Isée Bernateau a beaucoup travaillé en psychologie clinique et en psychopathologie de l’adolescent et du jeune adulte. Elle est également analyste en formation à l’APF (Association Psychanalytique de Paris/IPA).
Madame Caroline Lebrun, psychologue, psychanalyste à la SPP (Société Psychanalytique de Paris), membre du CILA (Collège International de L'Adolescence).
Le GERCPEA organise des journées d'études où sont discutées certaines questions posées par la clinique, en référence aux théories psycho-dynamiques dans une perspective individuelle, familiale, groupale et socio-culturelle. Ces journées sont destinées aux professionnels de la santé et du champ médico-social.