Jouer : on en sort toujours gagnant!...

"Le jeu de la marelle va de la terre jusqu'au ciel. Entre la chance et le pire tu reviens et c'est fini. Petite fille tu es là pour t'amuser. Lance bien la pierre prends garde où tu mets les pieds".(1) Quelques lancers de cailloux et voilà déroulée à la craie sur le sol, toute la vie avec ses hasards, ses angoisses, son paradis. Le jeu fait appel à l'imaginaire, au merveilleux et s'accompagne toujours de la notion de plaisir. Au moment où les vitrines s'emplissent de jeux et de jouets il est utile de s'interroger sur ce qu'est le jeu, d'où vient sa magie, son intemporalité, son universalité...

Des jeux, il y en a de toutes sortes et depuis bien longtemps. Jadis, adultes et enfants se retrouvaient autour du jeu: colin-maillard, cache-cache et autres jeux de dames rassemblaient les générations pour des moments de plaisir partagé. Aujourd'hui, trop souvent, le jeu est associé au domaine de l'enfance. On se sent obligé de lui accoler l'étiquette "éducatif" pour justifier son existence. Les jeux font faire aux enfants qui les "pratiquent" avec bonheur, des sauts de case en case dans leur parcours personnel.
Montaigne disait "Le jeu devrait être considéré comme l'activité la plus sérieuse des enfants."

L'enfant apprend en jouant
A travers les jeux d'exploration du corps, le tout-petit va faire connaissance avec son corps, se situer dans l'espace, découvrir, par les sensations que le jeu va susciter en lui, de nouvelles dimensions de soi. Vers 3-4 ans, il pourra peu à peu s'adonner à d'autres jeux nécessitant une décentration par rapport à soi. Il jouera avec d'autres. Certains jeux seront pour lui l'occasion de mettre en place des stratégies où il mobilisera ses peurs. En se promenant les yeux bandés, il approchera symboliquement la crainte de l'abandon, celle du noir... Le jeu permettra de rejouer les choses pour mieux les assimiler, de revivre des situations connues, autrement, en explorant différentes façons de se situer face à ces expériences, avec un certain recul.
Les jeux de hasard qui mènent à la perte ou au gain et le petit frisson que l'on ressent au moment de lancer le dé fatidique...seront des mises en situation qui permettront d'avoir prise sur la réalité qui comporte du hasard. Les jeux stratégiques, pour les plus grands, apprendront qu'il faut parfois réfléchir, analyser, déduire avant d'agir. Quant aux jeux plus physiques que l'on joue en équipe, ils ouvriront de nouvelles façons d'être en relation: en faisant équipe on peut plus et mieux quelquefois.
Et puis, il y a tous ces jeux où l'on "disait que l'on était"... Jeux de rôle et d'imitation, ils permettent à l'enfant de mettre en scène, de "se" mettre en scène dans différentes situations. Il se crée un monde sur mesure, comme un monde d'adultes en miniature. Petites poupées, petites autos, petits soldats qu'il manipule à sa guise, en toute liberté vont lui permettre d'exprimer ce qu'il ressent, ce qu'il est, d'explorer tous les possibles en prenant distance aussi par rapport à des événements qui l'ont touché, interpellé. L'enfant va pouvoir ainsi construire des passerelles entre lui, son imaginaire et la vie réelle. Il pourra structurer les choses, y mettre de l'ordre, trouver des repères dans un monde plein de mystères, d'inconnues et de mouvements dont il ne détient pas les manettes.

Jouer à 1, 2, 3, 4...
"Va jouer!" Cette petite phrase vous a peut-être échappé à l'occasion, parce que vous étiez fatigué(e), absorbé(e) par quelque souci, énervé(e) par les sollicitations répétées de votre enfant, las(se) de le voir tourner autour de vous dans la cuisine exiguë. Le risque est qu'en renvoyant l'enfant à ses jeux, on ne galvaude le sens de cette activité qui mérite pourtant le respect. Trop souvent, pris par un emploi du temps chargé, les adultes ne s'autorisent pas quelques pauses-jeu, qu'ils assimilent trop souvent au monde de l'enfance. Jadis, des fêtes rythmaient l'année, elles étaient souvent l'occasion de jouer adultes et enfants réunis, toutes générations confondues. Chanter, danser, faire de la musique étaient pratiqués collectivement.
"Tu joues avec moi?" L'enfant qui a passé de longues minutes seul devant ses jeux, souhaite de temps à autre créer une relation, une connivence autour du jeu, attirer l'attention de l'adulte. Le jouet transmet aussi des messages à l'enfant, il est inscrit dans une culture, à une époque.
Les psychologues s'accordent à dire que jouer est indispensable à l'élaboration d'une relation saine et équilibrée entre soi et les autres, entre soi et le monde, c'est les renforcer dans leur rapport au monde extérieur.

(1) Extrait de La marelle, chanson de Nazarée Pereira

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