Cet homme, fin observateur des relations parents/enfants, a utilisé le terme de "mères suffisamment bonnes" pour souligner qu’il était illusoire d’être parfait avec ses enfants: les sentiments positifs et négatifs s’entrecroisent, se mélangent ou se succèdent.
L’agressivité est une composante incontournable des relations, même les plus douces et les plus aimantes. Ne pas le reconnaître, c’est risquer de se faire rattraper par elle, sans que l’on ne puisse ni contrôler ni maîtriser ses manifestations. "Je ne sais pas ce qui m’a prise, je n’ai pas pu me retenir, disait une mère après avoir giflé sa fille. Moi que l’on décrit toujours comme si douce et si gentille."
Voici un petit extrait de ce qu’écrit Winnicott dans son article bien réaliste:
"L’amour de l’enfant est un amour de garde-manger, de sorte que lorsqu’il a ce qu’il veut, il rejette sa mère comme une pelure d’orange. Au début, il faut que le bébé domine (…), il faut que sa vie se déroule à son rythme et tout cela exige de la mère un travail minutieux et constant. D’abord, il ne sait pas du tout ce qu’elle fait ou sacrifie pour lui et surtout il ne peut laisser place à la haine de sa mère. Il est soupçonneux, il refuse sa bonne nourriture et la fait douter d’elle mais il mange bien avec sa tante. Après une matinée épouvantable avec elle, il sort et il sourit à un étranger qui dit: 'Oh comme il est gentil.' (...)"