Devoirs à domicile: l’affaire des parents?

"Tu joueras avec ta console quand tu auras terminé tes devoirs", "Pas question de regarder Harry Potter tant que tu ne connais pas ta table de multiplication par cœur", "Pour la centième fois, veux-tu bien retourner dans ta chambre et te concentrer sur ta leçon"… Quel parent n’a jamais dû jouer au gendarme pour obliger son gamin ou sa gamine à accomplir son travail scolaire? Menaces de punition, disputes, promesses de récompenses, toutes les ruses sont bonnes pour le convaincre de se replonger dans ses exercices et la mémorisation de ses cours. Il faut dire que l’enjeu est de taille: les résultats scolaires.

Mais, souvent, les parents sont épuisés et ont envie, face aux devoirs, de laisser tomber les bras; parfois ils se sentent dépassés et se demandent jusqu'où ils doivent s'en mêler (rappelez-vous les calculs de vitesse d'un train en fonction de son heure de départ, du nombre de kilomètres parcourus et que sais-je encore?).
Pourtant, sans aller jusqu'à écrire la rédaction ou résoudre le problème d'arithmétique, il est recommandé que les parents s’intéressent à l’apprentissage scolaire de leur enfant. En l’interrogeant, par exemple, sur ce qu’il a appris à l’école ou sur les matières qu’il apprécie ou non. Ils sont là pour écouter ce que ressent leur enfant et lui insuffler le courage de se dépasser quand il éprouve des difficultés. "Je comprends que ce soit une matière difficile qui te semble incompréhensible mais il faut passer par là. A force de travail, tu peux y arriver. Je te fais confiance".

Rendre l'enfant autonome

Rappeler à l’enfant qu’étudier nécessite des efforts est nécessaire. Même si son école promeut un apprentissage par le plaisir et le jeu, il doit bien être conscient qu’une matière ne s’assimile pas toujours facilement. Autre point capital: responsabiliser l’enfant face à son travail. C’est pour lui-même qu’il doit réussir, pas pour ses parents. Bien entendu, ils seront très contents s’il ramène d’excellents résultats scolaires mais la fierté parentale passera au second plan. C’est son propre avenir qu’il construit pas à pas. Pas le leur!

Papa et maman sont présents pour soutenir et encourager leur enfant mais aussi pour le renvoyer dans son propre apprentissage et le rendre autonome. A lui d’apprendre ses leçons et de faire ses devoirs. Autrement dit, pas question de les terminer à sa place. Et si on voit son bout de chou patauger dans ses exercices ou s’il nous demande de lui faire réciter sa leçon? Exceptionnellement, on peut lui filer un coup de main mais jamais, en aucun cas, systématiser cette aide. Il faut à tout prix éviter d’endosser la double casquette de parent et… d’instituteur.

Supporter, pas entraîner

Le parent doit rester un supporter, pas un entraîneur. Il n’a pas les compétences pédagogiques requises pour enseigner une matière à son gosse. Ni forcément, le temps pour le faire. Ni parfois même, les connaissances suffisantes… Il est parent d’un enfant, pas d’un élève. Et c’est indispensable pour l’équilibre familial de ne pas brouiller ces rôles. Quand papa et maman interviennent trop dans le travail scolaire, l’enfant risque de déplacer sa motivation et de ne plus bosser pour lui mais pour calmer les colères de ses parents.

Ceux-ci s'investissent parfois tellement dans les devoirs que l'après-quatre heures devient une source de tensions, un véritable enfer "Mais bon sang, ça fait cinq fois que je t’expliques et tu n’y parviens toujours pas", "Quel exercice à dormir debout, elle est cinglée ton instit", "Non papa, c’est pas comme ça qu’il a expliqué, monsieur…" Le gosse ne sait plus à quel saint se vouer: à son père ou à son maître? L’enfant se sent jugé par ses parents, il culpabilise et a l’impression qu’ils ne l’aiment plus. Les frères et les sœurs peuvent souffrir aussi de cette situation car papa et maman sont débordés et sont tout le temps fâchés.

Dialoguer avec l’instituteur

Certains devoirs s'éternisent et les parents et enfants n'ont alors plus guère de temps pour se rencontrer, pour jouer, lire ou rigoler. La vie familiale en prend alors un sérieux coup; or, la maison ne devrait pas être une seconde école mais un lieu reconstituant pour l’enfant. Un endroit où il va se nourrir, dormir, pratiquer des loisirs qui l'aident aussi à grandir, le tout, dans une ambiance qui l'aide à reprendre des forces et à être de nouveau alerte le lendemain.
Oui mais… comment réagir face à ces devoirs qui n'en finissent pas malgré la bonne volonté du petit? Faut-il jouer au professeur? Peut-être suffit-il de féliciter l'enfant pour son effort, essayer de voir avec lui ce qui le bloque et l'inviter, enfin, à fermer ses cahiers!
Si les devoirs restent laborieux, si le problème persiste, le parent peut demander à rencontrer le professeur. Après tout, son enfant n’est peut-être pas le seul à présenter des lacunes dans telle ou telle matière et il est utile que l'enseignant en soit informé. L’apprentissage scolaire repose sur un partenariat entre les parents et l’école. Aussi, dans certains cas, avec les centres PMS. Il arrive parfois que les faiblesses de l’enfant ne s’expliquent pas par un manque d’efforts ou de volonté mais par un problème instrumental tel qu’un trouble de l’écriture ou du calcul. Une défaillance que le parent ne parviendra ni à diagnostiquer, ni à résoudre tout seul.

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