Cet extrait illustre la part fondatrice qu'il revient à l'adulte de tenir pour marquer la place générationnelle entre l'enfant et lui. Quand l'enfant se fait séducteur, il convoque la tendresse de l'adulte mais aussi sa fermeté éducative en faveur d'un non ferme à toute méprise d'ordre sexuel, à toute dérive à l'étanchéité des barrières générationnelles.
"J'ai neuf ans l'homme je le vénère
Qaund j'étais petite lui seul a su m'apprendre à nager
La main à plat sous mon ventre dans la mer
Je nage il retire sa main il dit- C'est sans danger
Je nage Seigneur c'est grâce à lui il s'appelle Marc
Je l'aime et il a une odeur
Pendant des années je rechercherai cette odeur du bonheur
Je l'aime tout le monde remarque
Que je me jette sur ses genoux
Contre son cou
Une fois nous déjeunons au bord d'une cascade
A côté de Salernes dans le Var
Pour la sieste on s'étend au hasard
Lui il étale une couverture
Dessus je fais des galopades
Et puis je décrète - Je reste
C'est avec toi que je veux faire la sieste
Il dit - Oui! car il me dit toujours oui
-On va faire du pédalo? - Oui
Je monte sur tes épaules et je saute dans l'eau? - Oui !
Il dit -Oui! et sur la couverture il se couche
Dos à moi aussitôt je m'appuie
Contre ce corps que je touche
Aux épaules aux cheveux
Je ne sais pas ce que je cherche
C'est si bon
Et soudain l'homme retire mes mains et dit - Non!
Sans appel il met fin à ma recherche
et il s'endort
Et ce Non c'est de l'or
Disant Non il sauve ma pomme
Parce que c'est un homme"
in Sophie Fontanel, Capitale de la Douceur PP 135-136, Editions Seghers, 2021