Un entretien avec Laurent Denizeau (05:37), anthropologue.
La fragilité est inhérente au fait d'être en vie et d'avoir conscience de notre finitude en tant qu'être humain. Mais malgré cette violence, c'est aussi cette fragilité qui permet de donner le rythme de la vie, qui lui donne toute sa valeur. Elle n'est pas l'opposé de la faiblesse mais bien de la solidité. Chaque fois que la vie nous place face à des épreuves, elle nous enlève tous nos repères et nous place dans une position d'instabilité, qui nous fait perdre notre sentiment de solidité, il nous faut de la force pour pouvoir les traverser et rester debout.
Face à des personnes qui sont en souffrance, on mesure toute la violence de la fragilité. Quand un sujet traverse une épreuve, qui donne à voir l'impensable (notamment la mort), cela affaisse le sujet, lui induit une fêlure du coeur, mais dès lors il n'a d'autre choix que de se mettre en mouvement. Il ne s'agit donc ni de faire l'apologie de la fragilité ("tu t'en sortiras plus fort") ni de la stigmatiser.