Le roman "Les enfants sont rois" de Delphine De Vigan met en relief le glissement de l'image sur les réseaux sociaux. Une image qui virevolte du privé en passant par l'intime pour s'exposer aux yeux de tous, sur la place publique des réseaux sociaux. Une image qui enferme chaque membre de la famille "parfaite et merveilleuse de Mélanie Claux".
Ses enfants, Sammy et Kimmy, entrent dans la danse, emprisonnés dans le désir des parents, englués dans le système économique exigeant du "star system" où tout est millimétré et mis en pâture du like. Des millions de spectateurs choisissent en direct les dernières baskets à acheter pour la plus jeune, le menu de la famille, les thèmes des challenges "commande au fast food",...
"Il suffisait de regarder les plateformes de partage pour voir que la notion d’intimité, d’une manière générale, avait profondément évolué. Les frontières entre le dedans et le dehors avaient disparu depuis longtemps. Cette mise en scène de soi, de sa famille, de son quotidien, la quête du like, Mélanie ne les avait pas inventées. Elles étaient aujourd’hui une manière de vivre, d’être au monde. Un tiers des enfants qui naissaient avaient déjà une existence numérique."
Delphine De Vigan remonte au premier temps de la télé-réalité, depuis l'émission "Le Loft" en 2001 et par une description très fine des sentiments de chaque personnage du Roman, elle nous montre la toile dans laquelle les écrans ont progressivement enfermés tout le monde : des familles youtubeuses aux followers passifs, agressifs, parfois mal à l'aise.
Ce roman, glaçant, d'une actualité brûlante, pose la question de la protection des enfants, de leur image dans ce monde bien réel qu'est le Net.