Un entretien avec Hélène Romano (04:47), psychologue, docteur en psychopathologie.
Lieu de vie par excellence, l'école est régulièrement interpellée par les parents et les autorités pour organiser des temps de parole. Mesurer les conditions d'offres de parole est utile pour éviter de créer une obligation de parler. Il s'agit de garantir des occasions, des cadres de parole qu'enfants et adolescents peuvent investir à leur rythme. Hélène Romano s'appuye sur sa pratique et les recherches menées qui ont démontré que les groupes de parole en groupes classes peuvent se révéler délétères, car les enfants possèdent des histoires différentes, et donc des expressions individuelles. Ce qui est précieux, c'est d'offrir aux enfants des espaces de parole, en individuel ou par petits groupes, mais sans leur imposer de parler, comme on l'a trop souvent fait. Lors d'événements dramatiques, la temporalité est à ajuster à chacun, en évitant d'arriver avec un prêt-à-penser, un prêt-à-agir qui serait le même pour tout le monde.
De même, l'ergonomie de l'espace de parole se réfléchit : l'enfant ou l'ado interviendra plus aisément pour parler de ses émotions dans un autre local que la classe, où les chaises sont placées en cercle, plutôt qu'au milieu de l'organisation formatée en rangs qui constitue une intrusion dans son espace psychique et intime.