C’est accompagnée d’une caméra que Christine Angot nous convoque aujourd’hui autour de la question de l’inceste qu’elle a subi dès ses 13 ans. Abusée par son père, cette écrivaine française (notamment « l’Inceste » et « Le Voyage dans l’Est ») convoque dans ce documentaire nommé « Une famille » : sa belle-mère, la femme de son père mais aussi sa mère, et son ex-mari à elle, le père de sa fille. À travers des entretiens intenses, elle questionne, cherche, provoque, insiste, nous donne à voir les questions qui continuent à l’habiter : pourquoi les uns, les unes ont gardé le silence ? Pourquoi les mots de la reconnaissance ne viennent pas ou du bout des lèvres, maladroitement ? Comment le social a-t-il participé à ce silence et à cette violence abyssale ? Comment la génération qui la suit, sa fille, a-t-elle été prise dans sa question à elle, qu’est-ce qui se transmet, se transforme ?
Après 80 minutes où se mêlent interviews denses, parfois violentes (à l’image de ce qu’elle a subit dans le silence de son enfance), yeux embrumés, silences, images d’archives de l’enfance de sa fille, persiste une question : qu’est-ce qui permet de « réparer » l’irréparable ? Qu’est-ce qui permet à des enfants abusés de pourvoir attraper le fil de leur vie après de tels événements ? Christine Angot nous emmène dans sa quête singulière.