[Vidéo] Quelle analyse face à l’angoisse d’effondrement du lien social, à la panique de manquer, de mourir de faim, d'être malade
Un entretien avec David Puaud (03:13), éducateur spécialisé, anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec David Puaud (03:13), éducateur spécialisé, anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
Françoise Guillaume (04:13), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, donne quelques balises pour l'utilisation des écrans en cette période de confinement. Accompagner l'enfant dans ses activités numériques, échanger avec lui sur ce qu'il regarde, mettre des limites en terme de durée, proposer des activités sans écran... restent des ingrédients indispensables. Mais le confinement est aussi une occasion de faire preuve de créativité avec leur utilisation, de partir du numérique pour en faire quelque chose dans la réalité (parodier une vidéo...).
Françoise Guillaume (02:42), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, insiste sur l'importance que le salon familial ne se transforme pas en classe. Il ne s'agit pas pour les parents de se substituer à l'enseignant mais de transmettre leurs savoir-faire, leurs connaissances à leurs enfants. Bricoler, jardiner, coudre, cuisiner... sont des apprentissages tout aussi utiles que les apprentissages scolaires.
[Billet invité / Par Isabelle Dandville]
Qu'est-ce que l'instinct maternel ? Qui est un bon parent ? Et jusqu'où peut-on aller pour réaliser son désir de faire famille? [...]
Un entretien avec Daniel Coum (03:50), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Pour qu'un enfant investisse les apprentissages, l'univers scolaire, il est nécessaire que parents et enseignants se fassent confiance mutuellement.
Dans le cas de l'école à la maison, il est indispensable que cette relation soit maintenue, que les parents ne se substituent pas à l'enseignant. Parce que les parents n'ont pas les compétences des enseignants et parce que l'enfant grandit en investissant d'autres adultes, en s'ouvrant à l'extérieur. Il doit pouvoir observer les limites de ses parents.
Un entretien avec Daniel Coum (07:59), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec Daniel Coum (06:11), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec Daniel Coum (06:13), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Françoise Guillaume est actuellement coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes.
Agrégée en Mathématiques et DEA en Sciences de l'Education, Françoise Guillaume a été enseignante durant 15 ans et directrice de l'école Decroly à Uccle pendant 17 ans.
Elle est l'auteure de plusieurs livres dont "L'enfant : petit homme ou petit d'homme ?"(Laharmattan, 2008) avec Philippe Meirieu et "Eduquer l'attention" ( 2019 )
Daniel Coum (04:35), psychologue clinicien, évoque l'importance de la co-éducation comme élément fondateur du développement de l'enfant. Le confinement qui engage un huis clos familial entrave soudainement cette nécessaire alliance éducative entre adultes autour de l'enfant. Car les parents ne peuvent assumer tous les rôles. Cela relève d'une nécessité fondatrice pour l'enfant qui se construit en appui sur une diversité d'adultes. C'est essentiel pour l'adulte, qui ne peut se suffire à lui-même dans cette tâche éducative.
Les liens familiaux, l'attachement sont, comme le rappelle Daniel Coum (05:41), psychologue clinicien, un moyen pour que l'enfant puisse s'émanciper, grandir, se séparer, partir. L'adolescence étant le point culminant de ce processus.
Dans cette mesure, le confinement crée un contexte paradoxal à la fonction première de la famille.
Françoise Guillaume (02:40), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, insiste sur la nécessité pour chaque adulte d'occuper sa place auprès de l'enfant. Cette alliance entre adultes se prolonge entre eux, même à distance, parfois symboliquement. A ce titre, les parents n'ont pas pour vocation de remplacer les enseignants.Ils vont proposer aux enfants des activités du quotidien qui développent tout autant leurs 5 sens, leurs capacités cognitives, leurs représentations dans l'espace et le temps... compétences qui souteinnent les apprentissages scolaires.
Françoise Guillaume (03:10), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, déplie l'importance du jeu et des activités quotidiennes comme sources d'apprentissages pour l'enfant.
Les parents n'ont pas pour vocation de faire apprendre les divisions écrites ou la conjugaison qui sont des matières scolaires. Ils sont là pour soutenir l'enfant et surtout pour que l'enfant puisse adresser son travail à quelqu'un, ce qui est fondamental.
La fermeture des écoles partout en Belgique et en France s'accompagne de mesures prises par les gouvernements pour que les apprentissages scolaires soient maintenus. Le fil rouge donné aux enseignants : pas d'apprentissage de nouvelles matières mais bien un renforcement des acquis. Soudainement, des centaines de milliers d'enseignants doivent mettre en place, rapidement et sans avoir eu le temps de pouvoir élaborer en équipe ce changement, de nouvelles manières d'enseigner à leurs élèves confinés à la maison. Tout à coup, des millions de parents, se retrouvent à devoir faire l'école à la maison tout en devant parfois jongler avec le télétravail, l'occupation des plus jeunes...
Véronique Le Goaziou (04:07), sociologue, explique combien, à travers cette crise, chacun prend conscience de manière plus flagrante des différences qui existent dans le social, et y compris de toutes les inégalités à l'oeuvre : vivre en ville ou à la campagne, être en appartement ou dans une maison... Si cette conscience semble bien prégnante, il est difficile de savoir si cela perdurera dans le temps.
Véronique Le Goaziou (04:38), sociologue, explique comment le Covid-19 touche de manière assez égalitaire (personne n'étant à l'abri d'une contamination). Le confinement, lui, vient souligner, exacerber les immenses inégalités sociales à l'oeuvre : vivre dans sa maison de campagne face à la mer ou partager un petit appartement à plusieurs est radicalement différent et fait vivre aux gens des expériences de vie sans commune mesure. Les conséquences de cette crise seront donc très certainement différentes selon ce que chacun aura été amené à supporter.
Selon Véronique Le Goaziou (02:49), sociologue, la crise sanitaire que nous traversons est particulière en ce qu'elle nous oblige, par mesure de sécurité, à mettre l'autre à distance. L'impact de cette mise à distance, mais aussi de tout ce que la crise génère sur les relations sociales, la solidarité, est difficilement mesurable actuellement.
Pour Véronique Le Goaziou (04:24), sociologue, la question de l'impact de la crise sanitaire se pose sans doute plus du côté des relations sociales que de la solidarité. Soudainement, les gestes barrières nous obligent à tenir l'autre à distance, y compris l'autre qui nous est pourtant si familier (voisins, amis, parents...). Nous reléguons hors de notre sphère d'intimité les gens qui habituellement en font partie, les transformant soudain en étrangers.
Véronique Le Goaziou (03:40), sociologue, analyse le contexte du Covid-19 au regard de l'histoire de l'humanité qui de tout temps a dû faire face à des pandémies qui ont tué des millions de personnes (peste, choléra, grippe espagnole...).
La particularité aujourd'hui, pour nos sociétés occidentales, consiste à la confrontation effractante de la mort et de la maladie généralement reléguées dans des lieux protégés tels les hôpitaux. Le contexte actuel ramène cette réalité de la mort à notre porte, dans un quotidien qui potentiellement peut tous nous toucher.
Pour David Le Breton (04:24), anthropologue, il est indispensable pour les professionnels qui travaillent auprès d'enfants, de familles, et même pour les parents, de tenir compte de la complexité, de l'ambivalence du rire. En effet, le fou rire par exemple survient souvent dans des situations de tension et témoigne, non pas d'une moquerie ou d'une volonté de blesser, mais de la détresse ressentie.
David Le Breton (03:39), anthropologue, invite à penser le rire autrement que comme un signe de joie, à découvrir d'autres de ses significations anthropologiques. Notamment ses figures plus négatives comme la moquerie, qui devient alors une figure perverse du rire, fréquent dans le racisme, l'antisémitisme...
Un entretien avec David Le Breton (03:16), anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec David Le Breton (02:22), anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
David Le Breton (05:03), anthropologue, rappelle toute l'importance du rire dans ce contexte de crise. Il permet de "desserrer" la situation, de pouvoir garder une force intérieure, un élan vital pour ne pas sombrer dans la plainte. En réunion d'équipe, une anecdote, une blague, permettra de relativiser, d'introduire une distance par rapport à la situation, d'affirmer une liberté.