[Vidéo] Parler avec l’enfant (et non à l’enfant), une piste éducative précieuse en contexte de confinement
Un entretien avec Daniel Coum (07:59), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec Daniel Coum (07:59), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec Daniel Coum (06:11), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec Daniel Coum (06:13), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.
Daniel Coum (04:35), psychologue clinicien, évoque l'importance de la co-éducation comme élément fondateur du développement de l'enfant. Le confinement qui engage un huis clos familial entrave soudainement cette nécessaire alliance éducative entre adultes autour de l'enfant. Car les parents ne peuvent assumer tous les rôles. Cela relève d'une nécessité fondatrice pour l'enfant qui se construit en appui sur une diversité d'adultes. C'est essentiel pour l'adulte, qui ne peut se suffire à lui-même dans cette tâche éducative.
Les liens familiaux, l'attachement sont, comme le rappelle Daniel Coum (05:41), psychologue clinicien, un moyen pour que l'enfant puisse s'émanciper, grandir, se séparer, partir. L'adolescence étant le point culminant de ce processus.
Dans cette mesure, le confinement crée un contexte paradoxal à la fonction première de la famille.
Françoise Guillaume (02:40), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, insiste sur la nécessité pour chaque adulte d'occuper sa place auprès de l'enfant. Cette alliance entre adultes se prolonge entre eux, même à distance, parfois symboliquement. A ce titre, les parents n'ont pas pour vocation de remplacer les enseignants.Ils vont proposer aux enfants des activités du quotidien qui développent tout autant leurs 5 sens, leurs capacités cognitives, leurs représentations dans l'espace et le temps... compétences qui souteinnent les apprentissages scolaires.
Françoise Guillaume (03:10), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, déplie l'importance du jeu et des activités quotidiennes comme sources d'apprentissages pour l'enfant.
Les parents n'ont pas pour vocation de faire apprendre les divisions écrites ou la conjugaison qui sont des matières scolaires. Ils sont là pour soutenir l'enfant et surtout pour que l'enfant puisse adresser son travail à quelqu'un, ce qui est fondamental.
Véronique Le Goaziou (04:07), sociologue, explique combien, à travers cette crise, chacun prend conscience de manière plus flagrante des différences qui existent dans le social, et y compris de toutes les inégalités à l'oeuvre : vivre en ville ou à la campagne, être en appartement ou dans une maison... Si cette conscience semble bien prégnante, il est difficile de savoir si cela perdurera dans le temps.
Véronique Le Goaziou (04:38), sociologue, explique comment le Covid-19 touche de manière assez égalitaire (personne n'étant à l'abri d'une contamination). Le confinement, lui, vient souligner, exacerber les immenses inégalités sociales à l'oeuvre : vivre dans sa maison de campagne face à la mer ou partager un petit appartement à plusieurs est radicalement différent et fait vivre aux gens des expériences de vie sans commune mesure. Les conséquences de cette crise seront donc très certainement différentes selon ce que chacun aura été amené à supporter.
Selon Véronique Le Goaziou (02:49), sociologue, la crise sanitaire que nous traversons est particulière en ce qu'elle nous oblige, par mesure de sécurité, à mettre l'autre à distance. L'impact de cette mise à distance, mais aussi de tout ce que la crise génère sur les relations sociales, la solidarité, est difficilement mesurable actuellement.
Pour Véronique Le Goaziou (04:24), sociologue, la question de l'impact de la crise sanitaire se pose sans doute plus du côté des relations sociales que de la solidarité. Soudainement, les gestes barrières nous obligent à tenir l'autre à distance, y compris l'autre qui nous est pourtant si familier (voisins, amis, parents...). Nous reléguons hors de notre sphère d'intimité les gens qui habituellement en font partie, les transformant soudain en étrangers.
Véronique Le Goaziou (03:40), sociologue, analyse le contexte du Covid-19 au regard de l'histoire de l'humanité qui de tout temps a dû faire face à des pandémies qui ont tué des millions de personnes (peste, choléra, grippe espagnole...).
La particularité aujourd'hui, pour nos sociétés occidentales, consiste à la confrontation effractante de la mort et de la maladie généralement reléguées dans des lieux protégés tels les hôpitaux. Le contexte actuel ramène cette réalité de la mort à notre porte, dans un quotidien qui potentiellement peut tous nous toucher.
Pour David Le Breton (04:24), anthropologue, il est indispensable pour les professionnels qui travaillent auprès d'enfants, de familles, et même pour les parents, de tenir compte de la complexité, de l'ambivalence du rire. En effet, le fou rire par exemple survient souvent dans des situations de tension et témoigne, non pas d'une moquerie ou d'une volonté de blesser, mais de la détresse ressentie.
David Le Breton (03:39), anthropologue, invite à penser le rire autrement que comme un signe de joie, à découvrir d'autres de ses significations anthropologiques. Notamment ses figures plus négatives comme la moquerie, qui devient alors une figure perverse du rire, fréquent dans le racisme, l'antisémitisme...
Un entretien avec David Le Breton (03:16), anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
Un entretien avec David Le Breton (02:22), anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
David Le Breton (05:03), anthropologue, rappelle toute l'importance du rire dans ce contexte de crise. Il permet de "desserrer" la situation, de pouvoir garder une force intérieure, un élan vital pour ne pas sombrer dans la plainte. En réunion d'équipe, une anecdote, une blague, permettra de relativiser, d'introduire une distance par rapport à la situation, d'affirmer une liberté.
Pascal Kayaert (02:59), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque l'enjeu, pour les professionnels du soin qui ne peuvent plus pratiquer comme habituellement, de trouver un moyen de prêter attention aux personnes avec qui ils sont engagés dans un suivi. C'est à ce prix, en offrant cette attention, cette reconnaissance (en envoyant un sms pour prendre des nouvelles...) que les personnes pourront formuler une éventuelle demande ou dire, même à demi-mots, ce dont ils ont besoin.
Un entretien avec Pascal Kayaert, travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, dans le contexte du Covid-19. (04:14)
Pascal Kayaert (04:04), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque combien, de manière générale, les adolescents sont souvent en difficulté pour dire, exprimer ce qu'ils vivent. Or, plus il y a de mots mis sur les vécus compliqués, moins il y a de passage à l'acte. Dans ce moment de confinement qui a obligé au collage familial, sans personne ni activité pour faire tiers, la parole peut avoir cet effet d'amener de l'air, d'amener de l'autre.
Pascal Kayaert (04:01), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles propose, pour aider adultes, jeunes, enfants à dépasser la situation d'interdits auxquels ils sont confrontés à envisager un renversement de paradigme : "Qu'est-ce que je peux encore faire ?". Dans ce cadre, l'acte de parole est un acte fort. Quelqu'un offre un espace de paroles à quelqu'un d'autre pour que ce dernier puisse être reconnu dans sa difficulté face à la situation.
Pascal Kayaert (03:59), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, déplie quelques points d'attention à avoir en tête lorsque le professionnel travaille en vidéo-conférence, par exemple en soignant l'arrière-plan et en le conservant au cours des différentes séances permet de garder la distance relationnelle nécessaire au suivi.
Pascal Kayaert (03:14), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, insiste sur l'importance, lors d'un entretien téléphonique entre un enseignant et un élève, ou entre un psychologue et un patient, que le professionnel prenne quelques minutes pour expliquer le cadre, mais aussi pour que la personne qui demande son aide puisse questionner et interroger ce cadre. Cette co-construction participe déjà à la mise en relation entre les deux participants.
Pascal Kayaert, travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles (04:14) évoque comment, lors d’un entretien téléphonique ou vidéo, penser les effets liés au changement de lieu et de cadre. Il souligne comment recomposer avec ces nouvelles donnes et revient sur l’importance de prendre un temps pour expliciter les règles de l’entretien qui va s’y dérouler.
David Le Breton (04:57), anthropologue, explique combien le rire mais le sourire aussi, sont des moyens d'établir une connivence entre individus, une manière de se mettre en relation. Cela peut aussi être une manière, quand l'autre est en souffrance, de le rejoindre là où il se sent éloigné du fait de sa difficulté.
David Le Breton, anthropologue (03:23), explique combien le confinement peut être vécu comme violent par les adolescents, qui se sentent véritablement enfermés, tels des détenus.
La fugue pour quelques heures, quelques jours est un phénomène psycho-logique, socio-logique. Leur besoin impérieux de liberté est compréhensible à ce stade de leur vie. Et lorsqu'ils reviennent après quelques heures, ils réaffirment un certain contrôle sur la situation : "Je suis parti alors que vous me l'avez interdit, mais je suis revenu et c'est moi qui fais le choix de rester et d'accepter ce confinement."
Selon David Lebreton (01:59), anthropologue, le rire est une manière de se rapprocher des autres, d'être en connivence. Lorsqu'on partage une blague, qu'on envoie une vidéo marrante via les réseaux sociaux, tout à coup, on est à nouveau réunis.
David Le Breton (02:31), anthropologue, souligne la nécessité de continuer à rire dans un contexte de crise comme nous la traversons. Que ce soit avec les gens qui vivent sous le même toit ou sur les réseaux sociaux, le rire permet d'établir une complicité entre humains. Il permet de se rassembler, de contrecarrer la violence du confinement et aussi de pouvoir réaffirmer une certaine liberté, un moyen de résister face à l'adversité, de ne pas se laisser submerger par l'angoisse ambiante.
Pierre Delion (06:42), pédopsychiatre, évoque la difficulté qu'est devenu le partage de l'espace pour les familles confinées. Comment parvenir à nouer, articuler l'intimité et le collectif ? La ritualisation du temps de la journée, ainsi que de l'espace va permettre à chacun, et en particulier aux enfants, de s'organiser.
Selon Pierre Delion (01:13), pédopsychiatre, cette crise représente une opportunité unique pour tous les professionnels de l'aide, du soin de rappeler et de démontrer toute l'importance de leur travail qui a depuis de nombreuses années été malmené, détricoté.
Les professionnels (psychologues, logopèdes...) peuvent continuer à être présents auprès des familles et des enfants malgré la suspension des rendez-vous habituels, souligne Pierre Delion. D'une part en signifiant à l'enfant et sa famille qu'ils sont toujours présents pour eux, qu'ils pensent à eux et d'autre part, si le confinement se prolonge, en imaginant une poursuite des prises en charge, via d'autres modalités pour les enfants les plus en difficulté.
Un entretien avec Pierre Delion, pédopsychiatre, dans le contexte du Covid-19. (03:59)
Dans cet entretien, Pierre Delion (04:19), pédopsychiatre, explique que les enfants sentent l'inquiétude de leurs parents et les sollicitent pour être rassurés. Or, la situation est telle que les parents sont eux-mêmes perdus, n'ont pas réponse à tout. Ils doivent pouvoir communiquer cela à leurs enfants en Répondant aux questions dont ils ont les réponses mais aussi en leur disant qu'ils ignorent certaines choses, qu'ils sont eux-mêmes un peu inquiets.
Dans le contexte du Covid-19, Pierre Delion (03:51), pédopsychiatre, insiste sur la nécessité pour les parents d'être soutenus par les professionnels. Ces professionnels n'étant pas destinés à donner des conseils mais à véritablement dialoguer avec les parents, pour qu'ils puissent retrouver leur intuition, leur confiance en eux.
Pierre Delion (04:20), pédopsychiatre, évoque la nécessité du cadre entre le professionnel et la personne qui fait appel à lui pour qu'un véritable travail puisse émerger. Avec l'actualité, les cadres habituels de fonctionnement sont bousculés mais il n'empêche qu'un cadre, repensé, soit tenu par chacune des parties.
Pierre Delion, pédopsychiatre (04:25) rappelle combien les réunions d'équipes sont indispensables pour les professionnels de la relation et, particulièrement en ce temps de crise où la sollicitation pour des demandes d'aide concrètes mais aussi d'attention, de reconnaissance est énorme. ll est donc indispensable qu'ils puissent eux-mêmes bénéficier ou se créer des lieux pour partager leurs difficultés, leurs questions, et recevoir eux-mêmes une écoute et une attention de la part de leurs pairs.
Selon Pierre Delion (05:25), pédopsychiatre, le type d'angoisse ressentie par les enfants va beaucoup dépendre de leur âge. Petits, ils sont souvent submergés par des angoisses dites "archaïques", très profondes. Il revient alors à l'adulte, au parent de les contenir physiquement, de les prendre dans leurs bras... [Lire la suite]
Pierre Delion, pédopsychiatre (04:38), rappelle la nécessité pour chaque professionnel de l'aide de prendre soin de lui-même pour rester en capacité de prendre soin des autres. A ce titre, les réunions d'équipe restent une nécessité pour élaborer ensemble. En présence, par vidéo conférence, par téléphone... ces moments d'élaboration collectifs, d'échanges des difficultés sont un point d'appui et une condition nécessaire à la bonne santé du professionnel.
Comme l'explique Pierre Delion, pédopsychiatre [04:05], les professionnels sont obligés de trouver de nouvelles manières de soutenir familles, parents, enfants... Comment trouver une nouvelle forme d'équilibre dans la relation entre guider, donner des conseils qui aideront les familles et communiquer une certaine forme d'humilité vis-à-vis des familles? Cette modestie de la part du professionnel sera peut-être aussi une occasion pour les personnes qui le sollicitent de se rendre compte de ressources insoupçonnées qu'elles ont en elles.
Jean Epstein aborde dans cette vidéo la difficulté des parents à confier leur enfant à des personnes tierces. Pourtant c'est à travers la confiance des parents dans les professionnels que pourra s'établir la confiance de l'enfant dans les tiers.
Jean Epstein, psychosociologue, décrit les vertus du jeu de rôle qui offre à l’enfant l’occasion d’expérimenter différents rôles, métaboliser des situations difficiles ou heureuses de sa vie : ses joies et ses peines, ses peurs et ses pleurs, bref sa vie sociale. L'enfant se rassure en jouant.
Le sens du toucher est parfois, à tort pensé, comme un sens relevant uniquement de la sphère de l'intimité, du privé. Or, comme le rappelle Jean Epstein (03:15), psychosociologue, il est essentiel. Chez les tout-petits, ce sens est très stimulé mais moins chez les enfants plus grands et chez les adolescents. Or, c'est un sens [Lire la suite]
Dans cette vidéo, Jean Epstein, évoque la nécessité pour l'enfant de pouvoir être accompagné par l'adulte dans l'émergence du principe de réalité. C'est à travers les limites émanant de l'adulte que le petit enfant va pouvoir expérimenter ce principe.
Un entretien avec Jean Epstein, psychosociologue expert de la petite enfance, à l'occasion du colloque de la FILE "Alors on joue ! La place du jeu dans le développement de l'enfant et dans nos milieux d'accueil". (05:28)
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Un entretien avec François-Xavier Polis, pédopsychiatre, à l'occasion du congrès de périnatologie "Adolescence, ado-naissance" à Namur (02:55).
Le repli à l'adolescence fait partie d'un processus normal, l'adolescent cherche à l'intérieur de lui, dans ses rêveries, ses pensées, qui il est, ce qu'il aime, déplie François-Xavier Polis (02:21), pédopsychiatre, ... Cela ne signifie pas toujours qu'il va mal, au contraire. Par contre, l'adolescent a besoin des adultes pour franchir cette traversée, il a besoin de l'autre pour faire face à certaines questions qui peuvent être vertigineuses : "Qu'est-ce que je fais [Lire la suite]
Un entretien avec François-Xavier Polis, pédopsychiatre, à l'occasion du congrès de périnatologie "Adolescence, ado-naissance" à Namur (03:24).
Un entretien avec Daniel Marcelli (05:03), pédopsychiatre.
Un entretien avec Daniel Marcelli (02:13), pédopsychiatre.
Daniel Marcelli (03:24), pédopsychiatre, aborde la question de l'autorité, ingrédient indispensable dans l'éducation. En pleine construction, l'enfant prend appui sur l'adulte pour le guider et le border dans les limites utiles à son développement. L'autorité se distingue du pouvoir qui se définit comme le fait de soumettre un individu par la force ou la séduction. [Lire la suite]